_: Flou artistique « Aujourd'hui peut-être , ou alors demain ... » . Après avoir pris connaissance des perspectives budgétaires esquissées par le Premier ministre depuis sa villégiature alpine , on imagine bien ce dernier siffloter cet air popularisé par Fernandel , en cheminant sur les sentiers de montagne , au bras de son épouse . C' est que Jean-Pierre Raffarin s' est bien gardé de dire aux Français à quelle sauce fiscale ils seraient assaisonnés l' an prochain . Et n' a précisé ni le montant de la baisse d' impôts tant promise , ni la date de sa mise en oeuvre , ni le mode opératoire retenu . Bref , l' air frais des alpages lui a inspiré un flou artistique qui nous laisse coi . à sa décharge , reconnaissons que les Français sont , pour l' heure , plus occupés à parfaire leur bronzage et leur condition physique qu' à se plonger dans les comptes d' apothicaire des exercices budgétaires . Reste qu' on est en droit d' attendre d' un chef de gouvernement , fût -ce au coeur de la trêve estivale , plus de détermination et de précision quant à la définition d' une politique fiscale . Que nous dit le Premier ministre ? Que la baisse des impôts pourrait , espère -t-il , atteindre 1 % en 2004 ; que certains ministères devront se serrer la ceinture ; qu' il ne sait pas quand sera appliquée la baisse tant attendue de la TVA sur la restauration ... Après que le Président de la République ait confirmé le cap de la baisse d' impôts lors de son allocution du 14 juillet , on pouvait espérer plus de célérité de la part de l' hôte de Matignon . Si les Français ont fait leur deuil de la baisse massive de l' impôt sur le revenu , un temps promise , il se seraient volontiers accommodés d' une poursuite significative de la décompression fiscale amorcée , faut -il le rappeler , par Lionel Jospin et poursuivie timidement par le gouvernement Raffarin avec un délestage de 5 % en 2002 puis 1 % en 2003 . Mais Raffarin se montre on ne peut plus prudent . Et , dans sa situation , on le comprend . Il lui est impossible de dépasser le stade des vagues , très vagues , promesses . C' est qu' il ne s' est pas donné les moyens d' engager la fameuse réduction du « train de vie de l' état » au cours de l' année suivant sa prise de fonction . Et sauf à remettre la France dans la rue , il ne se risquera pas à ce périlleux exercice dans les mois à venir . Pire , il va lui falloir consentir des moyens supplémentaires significatifs ( de 2 à 7 % ) aux trois poids lourds du budget de l' état que sont l' Education nationale , l' Intérieur et la Défense . Un coup de pouce qui l' obligera à tailler dans plusieurs ministères tels l' Agriculture et l' équipement . Et la conjoncture ne jouera pas les alliées providentielles du gouvernement . Fragile et incertaine , la reprise de la croissance ne peut-être attendue que courant 2004 , une fois le budget mis en oeuvre . Aussi les Français devront -il se contenter des miettes : 1 % tout au plus , soit 10 & 226;& 130;& 172; pour une foyer qui s' acquitte de 1 000 & 226;& 130;& 172; d' impôt sur le revenu . Une peccadille au regard de la baisse d' un tiers sur cinq ans promise par le candidat Chirac en 2002 . Mais il est vrai que les promesses n' engagent que ceux qui y croient .