_: L' ODEUR DE LA POUDRE Jacques Chirac , qui voulait entrer le dernier en campagne , sera -t-il contraint finalement de descendre dans l' arène avant Lionel Jospin ? Nicolas Sarkozy l' y pousse , Alain Juppé le laisse maître de son temps . En fait , tous deux s' inquiètent . Le maire de Neuilly a tiré le signal d' alarme depuis longtemps . Selon lui , en l' absence de confrontation d' idées , ce sont les affaires qui alimentent le débat . Les rebondissements du dossier Schuller lui donnent raison . Le maire de Bordeaux paraît coller davantage à la stratégie attentiste de Chirac , mais l' excès des propos qu' il a tenus ce week-end montre qu' elle le rend nerveux . Bref , ça tangue dans la chiraquie en cette précampagne qui semble échapper au Président . La semaine dernière , alors que Chirac voulait envoyer un signal de mobilisation à ses supporters en recevant à l' Elysée ses lieutenants , il n' a réussi qu' à donner l' image d' un conciliabule en « clair-obscur » contre-productif sur le plan de la communication . Et depuis que Schuller a annoncé qu' il avait l' intention de regagner la France , le Président voit resurgir le spectre des affaires sans réagir . S' il précipite l' annonce de sa candidature , il donnera l' impression d' agir sous la pression du retour de l' ancien conseiller général des Hauts-de-Seine . S' il attend encore trop longtemps , il risque de laisser se développer le climat malsain actuel dont il est la première victime . D' autant qu' un autre écueil va se dresser sur la route du chef de l' Etat : la publication du livre du juge Halphen au début du mois de mars ... période qu' avait initialement envisagée Chirac pour s' engager officiellement dans la campagne . En quelques jours , le Président , qui se croyait maître de son calendrier , devient tributaire de celui de la justice . Ses lieutenants , comme Juppé , Alliot-Marie , Raffarin , qui s' efforcent de faire rempart de leurs corps pour le défendre , semblent impuissants à endiguer l' effritement de sa cote dans les sondages . On rabâche suffisamment aux Français que l' élection présidentielle est « la rencontre entre un homme et le pays » pour que les électeurs préfèrent juger du candidat plutôt que de ses séides . Non seulement la stratégie de l' immobilisme qu' a choisie Chirac commence à se retourner contre lui , mais encore elle ne lui ressemble pas . Les Français ne sont guère habitués à un Chirac impénétrable , sur la défensive , inerte , comme s' il doutait de lui-même . Ils le connaissent en bretteur toujours en mouvement , conquérant , jamais rassasié . Retrouver l' odeur de la poudre , c' est sans doute la seule issue qui s' offre au Président pour tenter de desserrer l' étau dans lequel il semble coincé .