_: Faut pas rêver Les vacances ne sont plus une parenthèse enchantée dès lors qu' elles deviennent le lieu d' arnaques à la location . Pourtant nous abordons cette période avec l' âme neuve d' un écolier en rupture de classe , un peu effaré , désarçonné de cette liberté retrouvée d' aller et de venir où bon nous semble , dans l' Hexagone ou hors de l' Hexagone . Mais il est très rare , à moins d' avoir des jambes et un sommeil de vingt ans , de pouvoir prendre son sac à dos du jour au lendemain pour l' endroit de notre choix . Il nous faut donc louer , retenir , verser des arrhes et c' est là où les loups nous attendent . Les loups , ce sont les arnaqueurs de tous poils prêts à nous vendre à un bon prix des balcons sur la mer avec vue imprenable sur la baie . Nous avons beau être avertis , le piège fonctionne à merveille ainsi que viennent de le prouver quelques escroqueries à la chaîne . Ce n' est pas que nous soyons tout à fait naïfs , mais nous sommes fatigués . Fatigués de nous méfier de gauche comme de droite , et du matin au soir , de ceux qui veulent nous voler notre place au parking , quand ce n' est pas notre voiture . Fatigués de ceux qui nous bousculent pour nous devancer dans les files d' attente au cinéma ou à la Sécu , quand ce n' est pas notre porte-monnaie qu' ils visent . A l' heure de prendre du repos , nous baissons la garde et , bien sûr , nous avons tort . « A moitié victime , à moitié complice , comme tout le monde » . Quand on nous propose l' île déserte où nous rêvions précisément d' être Robinson en personne , il faudrait avoir l' esprit bien mal embouché pour aller prendre une assurance sur vacances . Et pourtant .... Et non seulement les voleurs nous attendent au coin du bois , mais ils nous pistent au coin de notre assiette . On croirait que le danger ne concerne que l' étranger et que cette France si célèbre dans le monde pour son raffinement culinaire échappe au vandalisme gastronomique . On aurait tort , là aussi . Le danger est à deux pas de chez nous . Et puis il faut en convenir , c' est toujours la même France d' en bas qui trinque dans ces cas -là . Celle qui n' a pas les moyens de se payer un menu trois étoiles . Ce n' est pas parce que nos ambitions sont aussi modestes que notre compte en banque que nous sommes à l' abri de nous faire prendre pour des pigeons . Les vacances avivent le sentiment que nous avons de la fracture sociale . S' étonnera -t-on , après , si les rentrées sont toujours promises à des hausses de température sociale ?