_: EDITO - Chirac : le retour On attendait Raffarin , et revoilà Chirac . Frustré par cinq ans de cohabitation , le Président montre une sacrée fringale de pouvoir . Depuis sa réélection , c' est lui qui mène le bal . Il a piloté personnellement la composition du gouvernement , a imposé de manière inflexible la « jurisprudence Jospin » de non-cumul des mandats , interdisant à tout ministre de présider un exécutif local ( mairie , présidence de conseil général ou régional ) . Michèle Alliot-Marie s' est rendue au Pakistan à sa demande , et Nicolas Sarkozy traite directement avec lui en court-circuitant Matignon . Enfin , hier , Chirac a donné « la feuille de route » au gouvernement lors du Conseil des ministres . Et elle est chargée ! L' activisme débridé du Président asphyxie quelque peu Jean-Pierre Raffarin qui , pour l' instant , a du mal à exister par lui-même . Mais le notable rond , victime lui aussi de la règle du non-cumul , sait faire le gros dos . Mieux : en cocher zélé du fiacre gouvernemental , il lance fièrement son équipage au cri de « Au galop ! » A-t- il le choix ? Service du Président ! Mais est -ce là « la nouvelle gouvernance » dont il rêvait et qu' il a théorisée dans un livre ? Raffarin se veut le porte-voix de « la France d' en bas » . Jusqu'à présent , il apparaît comme le chef d' orchestre d' une partition provenant « d' en haut » . Certes , la pesanteur de l' Elysée sur Matignon n' est pas nouvelle . Les Premiers ministres socialistes de François Mitterrand ont eu l' occasion de la subir . Mais il semble bien que Jacques Chirac soit enclin à laisser moins d' autonomie à Jean-Pierre Raffarin qu' il n' en avait accordée à Alain Juppé . Celui -ci , il est vrai , était qualifié de « meilleur d' entre nous » , par le Président . Juppé était à Matignon pour gouverner . Raffarin , homme de communication , réputé pour savoir faire travailler des équipes , aurait plutôt le profil d' un super DRH gouvernemental . Bref , en passant du septennat au quinquennat , le Président modifie le rôle du Premier ministre . C' est tout au moins l' impression qui émane des premiers pas de la nouvelle équipe ministérielle . Jean-Pierre Raffarin a encore le temps de s' imposer . Aujourd'hui , il préside un séminaire gouvernemental au cours duquel duquel il aura la possibilité d' imprimer sa marque et de mettre en oeuvre sa méthode . Et puis , en politique , il faut toujours se méfier des profils apparemment lisses et accommodants , destinés à jouer les seconds rôles ; ils peuvent cacher des ambitions tenaces qui ne demandent qu' à éclore pour brouiller les cartes .