_: L' Europe sous tension L' Europe au bord du gouffre ? Une fois de plus la dramatisation joue à plein comme lors de chaque étape importante de la construction européenne . Aujourd'hui et demain à Bruxelles , les chefs d' Etat doivent se prononcer sur la Constitution européenne . L' enjeu est de taille en effet , car si les protagonistes parviennent à un accord , ils donneront un sacré coup d' accélérateur à la construction de l' Europe politique . Mais évidemment l' affaire est compliquée . Car la famille européenne est divisée . L' élargissement à 25 a creusé les inégalités , exacerbé les rivalités . Chacun veut se faire sa place au soleil ou éviter de passer à la trappe . Le coup de force de l' Allemagne et de la de la France pour s' affranchir des règles du pacte de stabilité n' a fait que dégrader le climat . Bref , ces deux jours à Bruxelles s' annoncent tendus . La bataille sera rude sur la pondération des pouvoirs dans l' atmosphère feutrée qui caractérise ces sommets . L' Espagne , appuyée par la Pologne , se fera le porte-drapeau des « petits pays » qui ne veulent pas être écrasés par les deux « gros » , la France et l' Allemagne . Mais elle prêchera surtout pour sa propre paroisse en voulant maintenir le système du traité de Nice qui l' avantage par rapport à ses partenaires plus puissants . Plus que jamais , l' Europe s' incarne en David et Goliath . Romano Prodi , qui connaît bien son Europe , a demandé qu' on évite les « marchandages » . Sera -t-il entendu ? C' est une autre histoire . Car l' Europe est coutumière des tractations plus ou moins glorieuses . Sauf qu' à 25 pays , elles deviennent plus lourdes à organiser et à maîtriser . Du coup , l' idée a fait son chemin ces derniers jours , qu' il vaudrait mieux prendre son temps plutôt que de signer un mauvais accord . L' exemple de Nice est encore dans toutes les têtes . Certes , à Bruxelles , on se séparerait sur un échec . Mais il ne serait pas rédhibitoire . L' Europe se donnerait le temps de la réflexion , mais éviterait de parapher une Constitution au rabais , l' objectif final consistant à éviter une implosion du fragile système . En cas d' échec ce week-end , la France et l' Allemagne pourraient aussi prendre , en compagnie des pays du Benelux , une initiative afin de lancer un projet à cinq . Une manière d' écarter les risques d' enlisement . Car plus que jamais , l' Europe doit veiller à l' image qu' elle donne d' elle-même . Dans six mois , se dérouleront les élections européennes . Si d' ici -là les chefs d' Etat ne sont pas capables de restaurer le lustre de l' UE , ils s' exposeront à de désagréables surprises dans les urnes . On ne peut pas enfoncer l' Europe dans l' ornière et demander ensuite aux citoyens d' être des europhiles . C' est pourquoi , la solution dilatoire prônée par certains a également ses limites . L' Europe se trouve prise en tenailles par un calendrier serré . A moins qu' elle ne soit sauvée par la proposition miracle que Silvio Berlusconi dit avoir « dans sa poche » . Mais personne n' y croit vraiment . Comme si rien de vraiment sérieux ne pouvait venir du businessman italien !