_: Relance franco-allemande Les deux fortes têtes de la classe européenne redeviennent les meilleurs élèves . C' est un peu l' image qu' ont voulu donner hier la France et l' Allemagne lors du conseil des ministres conjoint des deux gouvernements . Après avoir franchi la ligne jaune des déficits publics et suscité l' ire de Bruxelles et des « petits pays » , Paris et Berlin ont lancé une « initiative européenne sur l' emploi et la croissance » comprenant dix projets d' investissements dans les télécommunications , les transports , la recherche et le développement durable . Cet engagement vient à point nommé . D' abord pour la France et l' Allemagne qui , alors qu' elles ont besoin de redorer leur blason auprès de leurs partenaires , prouvent qu' elles sont capables de tirer concrètement l' Union européenne vers le haut . Ensuite pour l' Europe qui a pris de plus en plus le visage sévère de la Commission de Bruxelles , intransigeante sur le pacte de stabilité , et carrément antisociale dans le dossier Alstom . A travers les projets de la France et l' Allemagne visant à relancer la croissance et donc l' emploi , c' est une image de progrès qui est donnée de la construction européenne . A quelques mois des élections européennes et vraisemblablement d' un référendum en France sur la Constitution concoctée par Giscard , ce n' est pas du luxe . Car les citoyens de base voient les différentes étapes du développement de l' UE avec une méfiance accrue . Ils s' inquiètent d' un élargissement susceptible de diluer l' identité de l' Europe , et des restructurations industrielles jetant sur le pavé des milliers de chômeurs . Bref , ils assimilent davantage l' Europe à un mécano au fonctionnement complexe et à une casse sociale plutôt qu' à une communauté porteuse de prospérité . En France , les détracteurs les plus virulents de l' Europe ( Chevènement , Pasqua , Villiers ) , en coma politique depuis la présidentielle , reprennent de la voix à l' approche des échéances électorales tout heureux d' exploiter les « diktats » de Bruxelles . Au PS , parti pourtant européen de longue date , le débat interne promet d' être animé . Les courants minoritaires dénigrent la Constitution , et la base du parti ne manifeste pas un enthousiasme européen susceptible de rassurer François Hollande qui devrait organiser un référendum interne sur le texte de Giscard . Autant dire que plus que jamais l' Europe a besoin de projets et non de querelles .