_: Démesure Plans sociaux , augmentation du chômage , menaces sur les retraites : les temps sont durs . Mais pas pour tout le monde . Hier , la presse a publié simultanément deux études prouvant que la France d' en haut traverse la crise sans aucune souffrance . Les Echos se sont penchés sur les salaires des patrons des entreprises cotées en Bourse . Édifiant ! Comme d' habitude , le PDG de L' Oréal arrive en tête . Mais le plus étonnant est que , malgré un tassement des résultats de son groupe , il n' a pas hésité à s' augmenter , passant d' un salaire annuel déjà faramineux de 5 , 5 millions d' euros en 2001 à 6 , 2 millions d' euros en 2002 , c' est-à-dire près de 40 millions de francs . Bel exemple de méritocratie , l' idéologie qui sert de boussole à nos gouvernants ! Plus modeste-si'l'on ose dire-Thierry Desmarets , le PDG de Total , s' est octroyé un bonus qui fait progresser sa rémunération de 2 , 2 millions d' euros annuels à 2 , 4 millions . Sans doute pour bons services rendus à l' écologie ... Évidemment , on reste pantois devant l' énormité et l' incongruité des chiffres . Certes , ces chefs d' entreprise brassent des intérêts considérables , sont soumis à une concurrence internationale implacable , et portent sur leurs épaules la responsabilité du sort de centaines ou de milliers de salariés . Mais tout de même ! Un peu de décence ! À quoi correspondent précisément ces salaires ? Pourquoi pas un peu moins ou un peu plus ? Soyons justes : certains patrons ont consenti en 2002 à une baisse de leurs gains . Mais pas de quoi mettre en péril leur train de vie fastueux . Au total , les sommes sont tellement élevées que les actionnaires s' en émeuvent et que le Medef tousse . C' est dire ! Dans un document , l' organisation patronale s' inquiète de la « difficulté de compréhension par le corps social des niveaux atteints » . Et elle ajoute : « Ouvrir la possibilité de gains démesurés amène à faire perdre le contrôle de la réalité . Quand il y a absence de limite , on échappe à la matérialité. » Comme quoi il ne faut pas désespérer du Medef ! Autre milieu qui baigne dans la démesure : le show-biz , qui n' a jamais si bien porté son nom . Le Figaro Entreprises s' est intéressé aux dix acteurs de cinéma les mieux payés . En 2002 , c' est Jamel Debbouze qui a touché le jackpot : 2 , 12 millions d' euros brut . Une manne qui lui a été assurée essentiellement par les 55 jours de tournage d' Astérix et Obélix et le succès du film . Jamel devance Depardieu ( 2 , 04 millions d' euros ) , Jean Reno ( 1 , 70 million ) et Christian Clavier ( 1 , 65 million ) . Là encore , pas question de contester le talent de ces vedettes et d' oublier que leur image draîne de fabuleux intérêts commerciaux . Mais tout de même ! Un peu de décence ! Où s' arrêtera -t-on ? Un système économique qui produit autant d' inégalités entre la grande masse des Français et quelques privilégiés ne peut que générer une violence sociale plus ou moins larvée . Pendant ce temps , Jean-Paul Delevoye , indique que « quelques améliorations » concernant les retraites de la fonction publique ne sont pas à exclure . Ouf ! On est rassuré : la justice sociale est en marche . Et on imagine que rien ne pourra l' arrêter .