_: Apaisement ? Le débat traverse la majorité . Le gouvernement doit -il profiter de sa victoire sur les retraites pour enchaîner les réformes impopulaires ? « On n' est pas obligé de s' attaquer à l' Everest tous les jours » , tempère un député de l' UMP . En clair , après la secousse des retraites , certains pensent , à droite , que la société a besoin de reprendre son souffle . Raffarin semble sur cette longueur d' onde lorsqu' il affirme qu' il fait le « choix de l' apaisement social » . Mais les faits confirmeront -ils les paroles ? Déjà le Premier ministre ne se montre guère conciliant puisque l' étalement des retenues traditionnelles négocié en fin de grève sera , cette fois , strictement limité . Une manière de régler des comptes qui sert également d' avertissement pour d' ultérieurs conflits . « On veut étrangler le mouvement par le porte-monnaie » , s' est écrié Bernard Thibault . Le secrétaire général de la CGT devra lui aussi jouer la carte de l' apaisement en direction de ses troupes . Car une partie de sa base était favorable à la radicalisation du conflit , voire à la grève générale . Aujourd'hui , il doit faire face à l' amertume de ses militants qu' il a conduits dans une impasse . Fragilisé , il éprouvera sans doute des difficultés à mobiliser à nouveau lors des prochaines échéances sociales . La CFDT aussi devra retrouver la voie de la sérénité . Car un certain nombre de militants reproche à Chérèque d' avoir « trahi » en négociant trop rapidement avec Raffarin . Enfin , entre Thibault et Chérèque , qui se réclament tous deux d' une conception réformiste du syndicalisme , la tension devra également baisser . Le premier considère que le second lui a fait une mauvaise manière en allant négocier en solo avec le gouvernement . Il est vrai qu' en donnant son accord à la réforme après avoir obtenu quelques concessions , Chérèque a pris la responsabilité de plomber la contestation , et a donné le beau rôle à Fillon et Raffarin . De quoi renforcer la méfiance entre les deux centrales syndicales à l' avenir . Le Premier ministre tirera -t-il toutes les leçons de cet épisode social qui va inévitablement laisser des traces ? Il affirme vouloir aborder le chantier de l' assurance-maladie sur de « nouvelles bases » et n' envisage pas « d' initiative brutale » . Acceptons en l' augure . Mais Raffarin peut d' autant plus proposer « l' apaisement » que le mouvement social sort affaibli du conflit de ces dernières semaines .