_: La mort d' un monstre On ne pleurera pas Abou Nidal , mort à Bagdad où Saddam Hussein lui avait donné asile . Suicide , comme on l' avance en Palestine ? Liquidation par le tyran irakien , jugeant soudain bien encombrant cet hôte qui fut l' un des terroristes les plus recherchés du Proche-Orient ? Elimination par le Mossad israélien qui avait juré de lui faire payer ses massacres ? Règlement de comptes entre factions palestiniennes ? Les hypothèses fusent et le mystère demeure . Peu importe , au fond , pourquoi et comment Abou Nidal est mort . Le souvenir des massacres qu' il a ordonnés dans les années soixante-dix et quatre-vingt lui survivra longtemps . Les tueries de la synagogue de la rue Copernic et de la rue des Rosiers à Paris , l' assassinat d' enfants juifs à Anvers et d' émissaires palestiniens , qui , comme Issam Sartaoui , étaient favorables au dialogue avec Israël , les prises d' otages sanglantes dont celle du paquebot grec « City of Poros » de sinistre mémoire ... Près de neuf cents morts au Proche-Orient ou en Europe peuvent être imputés à celui qui aimait , comme son ami Carlos emprisonné à la Santé , se présenter comme un cerveau du terrorisme moderne . De fait , sous couvert de la lutte pour la libération de la Palestine , le chef du Fatah-Conseil révolutionnaire ne fut tout au long de son parcours sanguinaire que l' exécuteur des basses oeuvres de différents états arabes comme la Libye , la Syrie ou l' Irak , au gré des retournements d' alliance qu' il se plaisait tant à orchestrer . Bien contre son gré , au terme de sa carrière meurtrière , Abou Nidal aura finalement prouvé que face à la détermination d' Israël , l' expression la plus abjecte du terrorisme dont il s' était fait le chantre n' a pu faire avancer d' un pouce la cause qu' il était sensé servir . Ce ne sont pas les bombes contre les écoles juives et les fusillades dans les synagogues qui ont fait émerger la nation palestinienne aux yeux de la communauté internationale . C' est bien à la conversion d' Arafat aux vertus du dialogue avec Beguin puis Rabin que le peuple palestinien doit les prémices de cet Etat qu' il aspire tant à construire . Décimée par les règlements de comptes qui firent des dizaines de morts dans ses rangs , l' entreprise terroriste du « père de la lutte » a fait faillite il y a près de vingt ans . Pourtant , à Gaza et à Ramallah , des dizaines de petits Abou Nidal s' emploient , comme leur héros d' hier , à briser dans l' oeuf toute amorce de solution négociée entre les autorités israéliennes et palestiniennes en dépêchant dans l' Etat hébreu des kamikazes fanatisés qui sèment la mort et la désolation . Comme leur maître à tuer hier , ces petits entrepreneurs en terrorisme s' acharnent , non sans effet , à rendre toujours plus impossible cette paix tant espérée .