_: Opération séduction Les chaînes de télévision publiques et privées se font la guerre . C' est la loi du genre . Sans drames . Il n' y a pas de morts dans cet affrontement qui ne met pas en compétition des talents mais des bilans comptables . Il s' agit de faire des parts de marché , et pour cela , d' assurer la plus forte audience possible . L' été se prête aux feuilletons . TF1 y est allée du sien en juillet : « Bleu océan » . France 2 , vient d' achever le sien « Un été de canicule » . Une trouvaille ( le titre ) quand on considère l' atmosphère ambiante . La chaîne privée a cumulé un peu plus de huit millions de téléspectateurs , la chaîne publique un peu plus de six millions , performance donc presque à l' identique si l' on considère le mois d' août comme un mois traditionnellement creux . Dans l' affaire la chaîne publique est sans état d' âme , elle se conduit comme une chaîne commerciale . Le résultat on le voit n' est pas négligeable . Six millions de spectateurs c' est plus que Hugo , Dumas et Jules Verne , n' auront de lecteurs cet été dans cette belle France , mère des arts . Voilà l' ambition des auteurs et des commanditaires de « Canicule » satisfaite . Ils n' avaient d' autres prétentions que de faire de l' audimat . C' est réussi . Pourquoi ? Ce n' est pas l' intrigue alambiquée en diable qui plaide pour cette histoire d' adultère , de viol , de dénonciation et de meurtre . Non c' est la distribution . Avec Charlotte de Turckheim et Anthony Delon en tête . La première avec son faux air à la Monica Vitti est de ces actrices redoutables qui donnent de l' esprit aux personnages les moins crédibles . Qu' elle pleure ou qu' elle rie on y croit dur comme fer . Quant au fils de qui vous savez il est d' une beauté foudroyante ( merci papa , merci maman ) et on se demande comment l' héroïne fait pour échapper à sa séduction et retomber dans le giron du foyer conjugal . On voit d' ici la leçon de morale poindre le bout de son nez . « Canicule » malgré ses outrances , est un feuilleton sage . Comment ne tomberait -on pas , tous tant que nous sommes , dans le panneau d' une fiction à ce point si bien dosée , un peu de sentimentalisme , un peu de sexe , que tout le monde y trouve son compte ? Oui les convenances sont un peu écornées , mais la sagesse triomphe , on rentre dans le rang . Famille , famille quand vous nous tenez . On côtoie les abîmes , on s' y perd au propre comme au figuré , mais qu' on se rassure les bons sont sauvés et les méchants punis . C' est pas comme dans la vie .