_: Raffarin ( fin ? ) Jean-Pierre Raffarin bouge encore , mais il est au plus mal . Il a rejoint la France d' en-bas , en tout cas celle qui est carrément en bas dans les sondages . Il a beau se débattre , sortir la tête hors de l' actualité , faire en sorte d' exister , il ne se passe pas un seul jour sans que les nouvelles soient alarmantes . Avait -on pourtant loué son flair politique , cette façon bien à lui de discourir comme au sortir d' un banquet , et cette obstination à la besogne , toujours prêt à retrousser les dossiers , à piocher son bonhomme de chemin . Mais sa fameuse solidité « provinciale » apparaît chaque jour pour ce qu' elle est : une gymnastique concoctée par les professionnels « parisiens » de la communication . Son image de saint frère , sa réputation d' être au plus près des vrais gens ont fondu avec la canicule , et , depuis , notre homme s' épuise en vain à remonter une pente trop rude pour ses mollets . Un été à transpirer , un automne sans convaincre , il n' en faut pas davantage pour que l' hiver s' annonce mal . Ainsi , son dernier empressement à satisfaire les buralistes juste après avoir supertaxé leur tabac était empreint d' électoralisme , de flagornerie , sinon de ridicule . De même sa volonté de dialogue social est écornée , quand dans le même temps on veut rabioter les 35 heures et supprimer les allocations pour les chômeurs en fin de droits . Enfin , qui peut encore être dupe de sa douloureuse alchimie fiscale : baisse de l' impôt sur le revenu pour les plus riches , hausse considérable de la taxe d' habitation pour tous ? Mais , si Raffarin semble désormais courir en tous sens comme un pompier débordé , ne maîtrisant ni le feu ni les extincteurs , il faut reconnaître que , dès le départ , sa mission était impossible : comment en effet tenir les promesses superbes et contradictoires du candidat Chirac ? À sa place d' autres s' y seraient cassés les dents , ce qui d' ailleurs ne les empêche pas de lorgner sa place . Car , à droite , beaucoup font des rêves secrets et se surveillent les uns les autres . Il n' est qu' à voir cette obsession un rien pathétique du Premier ministre à se retourner , dès que Nicolas Sarkozy est dans son dos . Ou encore cette persistance de François Fillon à cultiver ses propres réseaux à l' intérieur de la majorité . Dans la culture de la Ve République , le chef du gouvernement est aussi le chef de la majorité , mais à écouter la grogne ouverte des députés et militants de l' UMP , on sent bien que Raffarin ne tient plus ses troupes , un peu comme si celles -ci , dans un élan d' initiés , misaient dans les prochains mois sur un éventuel remplaçant . Preuve accablante de cette étonnante pagaille : son nouveau directeur de cabinet , Michel Boyon , a cru bon de préciser dans un communiqué remis à l' AFP que sa tâche était de « veiller au respect par les ministres des décisions du Premier ministre » ! L' aveu est de taille . Incroyable mais vrai . Dur réveil , pour celui qui rêvait d' une France sans histoire et qui , jusqu'aux prochaines élections , n' est qu' un chef en sursis . Cette France qu' il croyait étreindre de ses bras , séduire par des flatteries de bas-canton , cette France lui joue le tango de l' ingratitude , celui qu' elle réserve avec un malin plaisir à tous les Premiers ministres , même les plus méritants . Ah ! quel métier de chien ! Juppé , Jospin vous le diraient volontiers . Croyait -il donc , lui , Raffarin , mieux que d' autres , y échapper ?