_: Péril en la demeure Nous sommes comme Monsieur Jourdain . Nous faisons de la politique sans le savoir . Même quand nous ne votons pas . Tous les matins , en achetant notre journal , notre pain , en saluant notre voisin , en traversant entre les clous , au feu vert . Bref en entrant dans le jeu social , à la fois solitaires et solidaires comme disait Albert Camus . Nous faisions donc de la politique avant le 21 avril , mais nous ne nous en soucions guère jusqu'à ce que l' élection présidentielle nous administre la douche froide qu' on sait . Depuis , les électeurs sont sur le qui- vive , sinon sur le pied de guerre , prêts à sauver la patrie en danger . Les partis pavoisent , ils enregistrent un regain d' intérêt , les voilà désormais le vent en poupe , pris à nouveau au sérieux , enregistrant des adhésions , suscitant des vocations . Jamais on n' a tant parlé des vertus citoyennes . Sommes -nous à l' an I d' une révolution des moeurs ? Que nous disent les derniers résultats de l' élection présidentielle ? Qu' il y a péril en la demeure . Que le grand vaisseau France a sauvé les meubles , mais qu' il n' est pas tout à fait sorti d' affaire . Il n' y aura pas trop d' hommes et de femmes de bonne volonté pour endiguer les effets pervers de l' ancrage dans le pays d' une extrême droite qui étend ses ramifications du nord au sud de l' Europe . Or que nous dit le terrain ? Qu' il n' y a rien de neuf sous le soleil , fut -il celui de Louis XIV , le roi préféré des Français , par parenthèse , et dont les postulants républicains aux législatives pourraient méditer la réflexion : « Tout l' art de la politique est de se servir des conjonctures. » Des conjonctures , parlons -en . Il n' y eut jamais autant de candidats en lice , pour les élections législatives des 9 et 16 juin prochain . Dans ce paysage si urbanisé , il n' y a pas que la gauche qui soit plurielle . Ses extrêmes aussi , ce qui est à peine un paradoxe . Depuis Freud , nous savons qu' il nous faut vivre avec nos contradictions . La vie publique n' échappe pas à l' insoutenable légèreté des élus , ou en passe de l' être . C' est donc au moment où les grands partis , à gauche comme à droite , ont eu le plus chaud , qu' ils s' éparpillent le plus et qu' ils respectent le moins la parité . Ils laissent ainsi le champ libre au FN qui , fidèle à sa stratégie , se coule dans les institutions dues à l' initiative de la gauche pour mieux installer ses pions . Et l' on voudrait , comme dans une chanson de Brel , que notre belle jeunesse garde le moral ?