_: Péril en la demeure Freud se retourne -t-il dans sa tombe ? C' est à craindre . Certes on n' a pas attendu le cas de la Chine , montrée du doigt par la communauté européenne parce que fortement suspectée d' utiliser les hôpitaux psychiatriques comme lieu d' internement de ses dissidents , pour savoir que la psychiatrie - cette guerre de cent ans - est dévoyée par les Dr Folamour qui mettent leur savoir non pas au service des patients mais au service des puissants . Et dans le même temps que les sociétés nanties se découvrent un devoir d' ingérence humanitaire , il semble de plus en plus évident que ce même devoir invite les hommes de science , et plus particulièrement les médecins , à se préoccuper du bon usage des camisoles de force chimiques aussi efficaces à tout prendre qu' une quelconque machine infernale , capables de faire d' un honnête contestataire un légume ambulant . Qu' est -ce que la folie ? La limite extrême de la sagesse ou de la déraison ? Le passage obligé pour atteindre la vérité , sa vérité , une récréation , une évasion , un pas de côté ? Et où donc sont ses frontières ? Mais toutes les définitions , poétiques ou scientifiques , coïncident pour signifier que mieux vaut en guérir pour continuer à vivre en harmonie avec soi et son temps . Les Artaud , les Van Gogh , dont la folie confine au génie ne courent pas les asiles psychiatriques . La folie comme dérèglement des sens et de l' intelligence a des points de non-retour . Et c' est un crime contre l' esprit que de faire servir l' une des plus grandes découvertes de la médecine , qui permet au commun des mortels de franchir indemne l' autre rive de sa vie , oui c' est un crime contre l' humanité que de faire de cette science de guérison l' outil d' une dégradation mentale et d' une répression politique . Il y a péril en la demeure . Car on aurait tort de croire que des supposés malades soumis aux internements , à l' isolement et aux traitements chimiques de toutes sortes , peuvent du jour au lendemain vivre comme si de rien n' était . La sagesse préconise qu' on prenne soin du mal à la racine . Dans le cas de la Chine , et bien sûr dans bien d' autres cas , c' est la peur du désordre qui génère l' excès contraire . Voilà un pays grand , autant par la taille que par l' histoire , dont on sait hélas qu' il n' est pas celui de la liberté , qui jure ses grands dieux qu' on l' accuse à tort d' avoir recours à des usages mis en pratique dans la défunte Union soviétique . Et qui oppose au regard de l' étranger qui veut envoyer une commission d' enquête sur place , une opacité digne de la de la Grande Muraille . Peut-être est -ce le moment de rappeler ici une pensée qui n' est pas confucéenne , mais qui pourrait l' être , quoiqu' elle soit signée de Lincoln : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps , mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. »