_: Le fabuleux destin d' Alexandre Il avait un prénom de conquérant et le sang généreux d' un père général d' Empire , véritable force de la nature , coulait dans ses veines métisses . Pourtant , il aura mis plus d' un siècle à se faire une place au soleil de la République . C' est-à-dire à entrer au Panthéon . C' est que pardi , Alexandre Dumas , père de ses oeuvres avant de l' être de son fils , était d' abord un petit-fils d' esclave noire et que sa littérature , qui a enchanté des générations d' adolescents , avait par trop le goût du peuple , c' est-à-dire le goût des autres , ce qui ne veut pas dire qu' il ne fut pas cultivé . A ce peuple , qu' offre Dumas ? De l' action , encore de l' action , toujours de l' action . Et de l' audace bien sûr . Faut -il s' étonner donc qu' il plaise tant aux cinéastes de notre temps qui le pillent comme ils pillent Hugo ? Maestro , Alexandre Dumas le fut avec brio , lui qui dirigeait des centaines de personnages et de caractères , lui chez qui on retrouve la verve , la santé , l' euphorie qui , aujourd'hui , animent une bonne part de la littérature des îles francophones , que nous continuons à négliger scandaleusement alors qu' elle continue de nous donner le meilleur d' elle . Dumas n' échappe pas à son temps , qui fut romantique . Mais il fut un romantique qui avait fait sienne la formule de Goethe : « Par-delà les tombeaux , en avant ! » . Point de langueurs mortifères chez le père des « Trois Mousquetaires » , des « Mohicans de Paris » et du « Comte de Monte-Cristo » , mais l' enivrement et la fièvre créatrice dans toute sa jubilation . Comment ne pas être séduit ( e ) par ce rebelle à tous les pouvoirs , hormis ceux du coeur et de la chair , mais qui aimait la République en un temps où il y avait du mérite à la chose , ce qui lui faisait dire avec humour : « J' aime la République comme Manon Lescaut aimait Des Grieux , je le sais bien , en lui faisant de temps en temps des infidélités ! »