_: Puissance et fragilité Les sessions parlementaires se suivent et ne se ressemblent pas . L' an dernier , la droite entamait dans l' euphorie une législature qui s' annonçait prometteuse . Ses premières réformes étaient habilement consacrées à la sécurité . Face à une opposition assommée , la majorité vivait sur un nuage . Un an plus tard , elle est redescendue sur terre plus rapidement que prévu . Mercredi , l' ouverture de la session parlementaire s' effectuera dans le doute et l' inquiétude pour la droite . La chute de popularité de Raffarin , ses maladresses depuis cet été , les heurts avec Bruxelles , des mesures économiques et sociales mal comprises et impopulaires , et enfin un agenda 2006 sans souffle mécontentent les parlementaires de l' UMP . Et si l' on ajoute à ce tableau maussade le procès de Juppé , on comprend que la droite ait le moral dans les chaussettes . Il y a peu de chances pour que cela s' améliore dans les prochains mois . Car Matignon va demander aux députés et sénateurs de la majorité de se montrer très disciplinés lors de l' examen du budget . Pas question de toucher à l' architecture du projet de loi qui a été si laborieusement élaboré . Déjà , lors de la loi sur les retraites , les députés UMP avaient été priés de ne pas répondre à la gauche afin de ne pas prolonger les débats . Désormais , ils pourraient être réduits au silence pour ne pas mettre en difficulté le gouvernement . Bref , mercredi on assistera à la rentrée des godillots . Le coup de colère qu' a poussé Chirac , la semaine dernière , contre les ministres coupables à ses yeux de jouer en solo , exprime la volonté de serrer les rangs derrière Raffarin . Le Président a voulu donner un coup d' arrêt à un affaiblissement de la cohésion gouvernementale . C' est là le deuxième enseignement de cette rentrée parlementaire . Un an et demi après la mise en place du gouvernement , des fissures apparaissent nettement en son sein . Certains ministres comme Ferry , Bachelot , Mattei ont montré leurs limites . D' autres sont totalement marginalisés comme de Robien et Borloo , issus , comme par hasard , de l' UDF . Enfin , Sarkozy et Fillon se projettent déjà dans l' après-Raffarin , dissimulant mal leur mépris pour le Premier ministre . Si puissante il y a un an , la droite laisse aujourd'hui entrevoir des fragilités qui ne sont pas de bon augure pour elle à l' approche des régionales . Et l' on peut se demander si , en cas d' échec grave de l' UMP lors des prochaines élections , Raffarin ne sera pas la première victime d' un remaniement .