_: ENTREPRISES - RUMEURS DE LIMOGEAGE DANS LES SOCIÉTÉS D' ETAT Secteur public : des têtes prêtes à tomber La droite d' en bas réclame des têtes dans les entreprises du secteur public . Depuis 1997 et même avant pour certaines ( Renault , SNCF ) , ces régies et sociétés plus ou moins « ouvertes au marché » mais sur lesquelles l' Etat garde la haute main , sont en effet dirigées par des patrons étiquetés à gauche . Des dirigeants qui ne mettent pas leur drapeau dans leur poche . Leurs passages plus ou moins longs dans les cabinets ministériels sous Mitterrand démontrent sans ambiguïtés où se situent les idées et les amis politiques de Louis Gallois , André Roussely , Anne Lauvergeon , Jean-Cyril Spinetta Louis Schweitzer , Martin Vial etc ... Ce passé est -il un passeport pour un placard ? Voilà quelques années , la signature d' un décret et un gros chèque provoquaient une alternance immédiate et quasi automatique , parallèle à celle de la majorité politique . L' opposition dénonçait une chasse aux sorcières et le nouveau gouvernement justifiait les nominations d' amis par la nécessité de restructurer . CHERES INDEMNITES Cette année , l' affaire semble plus compliquée . L' Elysée , Matignon et les ministères subissent bel et bien la pression de leur base , peut-être instrumentée par ceux qui souhaitent devenir Khalife à la place du Khalife ou tout au moins glaner quelques galons quand le Khalife ne sera plus là . Mais d' une part , le gouvernement ne souhaite pas donner l' impression de se livrer à une chasse aux sorcières et d' autre part , à la veille d' échéances importantes ( privatisation , réformes européennes ) , certains ministres préfèrent laisser en place des dirigeants qui ont plutôt bien réussi sur le terrain social et dans les procédures d' ouverture du capital . D' où les démentis plus ou moins mesurés après les bruits d' évictions . Car des rumeurs font état de plans pour limoger trois patrons d' entreprises publiques : le président de la Poste , Martin Vial , celui de France Telecom , Michel Bon , et celle d' Areva , Anne Lauvergeon . Au premier , Bercy reproche les lourdes pertes de 2001 alors que le transport du courrier se libéralise . Il paierait aussi sa timidité à se marier avec de gros calibres du secteur bancaire . Des noms de successeurs circulent déjà : Daniel Caille , patron de la générale de Santé et surtout Jean-Paul Bailly , un homme du Président actuellement à la tête de RATP . Le cas de Michel Bon paraît moins lié au contexte politique . Le patron de France Telecom est d' ailleurs classé à droite . Cela ne suffira peut-être pas pour résister à la tourmente qui s' abat dans le monde entier sur le secteur des télécommunications . Dans tous les autres pays européens , les dirigeants ont été débarqués par les actionnaires et les gouvernements réunis . Sur le grill également , Anne Lauvergeon , la très mitterrandienne patronne-fondatrice d' Areva , grand groupe nucléaire français né de la fusion de tous les établissements , est attaquée de l' intérieur et par Bercy depuis qu' un rapport de la Cour des Comptes fait état de décisions non conformes aux règles de l' entreprise . En cas de départ , il faudrait lui verser une indemnité de 850.000 euros et surtout trouver un successeur qui n' irrite pas les écologistes . D' autres patrons semblent également bousculés : le ministère de l' Industrie reproche au président d' EDF , François Roussely sa stratégie de développement international , tout en lui refusant une augmentation de tarifs l' an prochain . Entre projets de privatisation et mauvaises notes du ministre de la Communication sur le service public , le président de France Télévisions , Marc Teissier , est en équilibre précaire . D' autres , en revanche , semblent à l' abri des assauts politiques du fait de leurs résultats , du climat de confiance qu' ils ont créé dans l' entreprise . Des sociétés comme la SNCF , prête à conquérir l' Europe avec ses TGV , ou Air France , confrontée aux turbulences du trafic aérien et à la concurrence des « low coasts » ont aussi besoin de stabilité . Car le limogeage d' un patron du service public provoque un nettoyage coûteux en indemnités et déstabilisateur à tous les étages supérieurs de l' entreprise . n