_: GRAND SUD : LE FUTUR GÉANT A380 EUROPÉEN CONTRE LE JUMBO 747 AMÉRICAIN Airbus-Boeing : le match ne fait que commencer « Le plus important , lors d' une crise comme celle qui frappe actuellement le transport aérien , c' est de se retrouver en position plus favorable que son adversaire lorsque l' activité redémarre. » confiait récemment à « La Dépêche » un ancien responsable d' Aerospatiale . Un constat sur lequel Airbus et Boeing s' accordent sans doute , même si les stratégies que mettent en place l' un et l' autre sont sensiblement différentes . En 2001 , Airbus , qui vendait 111 avions au cours du seul salon du Bourget , signait des résultats bien meilleurs que ceux de Boeing , engrangeant , conformément aux objectifs annoncés par Noël Forgeard , 97 commandes pour l' A 380 ( dont 85 fermes ) . La crise générée par les attentats du 11 septembre a porté un coup d' arrêt à la progression de l' avionneur toulousain , qui avait réussi pour la première fois à capter 53 % du marché mondial . Depuis cette date fatidique , 160 commandes d' avions ont été annulées par les compagnies aériennes , dont 101 pour Airbus , qui paie , à cet égard , le prix fort . Aujourd'hui , les deux rivaux sont quasiment à égalité et contraints de revoir à la baisse leurs livraisons pour 2002 et 2003 . Elles devraient s' établir , pour Boeing , entre 350 et 400 avions , contre 300 pour Airbus . Mais si la crise a resserré l' écart entre les deux adversaires , elle n' a pas effacé les atouts d' Airbus . Le groupe européen , qui a su limiter la compression de sa masse salariale à une économie de 6.000 équivalents temps plein , sans licenciement ( contre 30.000 suppressions d' emploi pour Boeing ) , n' a en rien modifié ses objectifs . Le 23 janvier , les premières pièces de l' A 380 sortaient de l' usine de Nantes et courant mars , l' usine d' assemblage de l' avion géant surgira de terre dans la zone Aeroconstellation , à Blagnac . L' A 380 est devenu une réalité , à l' inverse de l' avion transsonique de Boeing , le « Sonic Cruiser » , qui reste , pour l' heure , un projet assez flou . Qui plus est , le superjumbo d' Airbus sera seul sur le marché des très gros porteurs . Cet avion , qui n' a pas essuyé la moindre défection de la part des compagnies clientes , prouve aujourd'hui qu' il s' adresse à un marché que le Boeing 747 n' a pas réussi à séduire ( lire le graphique ci-contre ) . Mais d' ici la sortie de crise , que les observateurs fixent à partir de 2004 , Airbus devra également gagner la bataille sur d' autres marchés . L' A 318 , le dernier -né et le plus petit de la gamme ( 107 passagers ) , a vu son carnet de commandes passer en un an de 161 à 114 ventes . A l' autre extrémité de la famille , l' A 340 - 600 , dont les essais en vol se poursuivent , accuse une quinzaine d' annulations . Son rival , le Boeing 777 , souffre également de la crise qui , fort logiquement , frappe plus sévèrement le secteur du long- courrier . La récession a par ailleurs modifié le paysage aérien mondial . Nouvelles championnes du marché , les compagnies « low cost » ( à bas prix ) affichent une santé insolente , et semblent , pour l' instant , séduites par Boeing plus que par Airbus , à l' image de Ryanair , qui vient de signer une commande record de 100 B 737 - 800 pour un montant de 9 , 1 milliards de dollars . Au-delà de l' affrontement commercial pur et dur , c' est aussi sur le terrain de la créativité qu' Airbus peut distancer son rival . A l' image de l' A 320 , dont le 1.000e appareil est sorti récemment des ateliers toulousains , l' A 380 embarquera de nombreuses innovations , qu' il s' agisse du confort et de l' espace à bord , sans équivalent , aux technologies de communication ( Internet ) en passant par l' utilisation de matériaux composites pour le fuselage .