_: GUERRE EN IRAK . Les quatre scénarios de la bataille de Bagdad A l' aube de la troisième semaine de guerre , voici donc les coalisés à 15 kilomètres de Bagdad , qu' ils peuvent maintenant observer à la jumelle . Les éléments les plus avancés contrôlent partiellement l' aéroport international , repoussant des contre-attaques irakiennes . La question centrale , pour l' instant , reste l' élimination de la garde républicaine dont une partie a été défaite mercredi près d' Al-Kout . Celle -ci s' est repliée dans le dernier cercle de défense de la capitale , le « cercle rouge » . Là les attend , sûrement , le plus dur , car Saddam et son entourage n' ont plus rien à perdre . Que leur réservent -ils , quels sont les scénarios envisageables pour cette « bataille de Bagdad » dont on parle tant et qui sera vraisemblablement le dernier acte de cette seconde guerre du Golfe ? 1 . LA PRISE « ÉCLAIR » DE LA CAPITALE C' est , on s' en doute , le scénario rêvé par les anglo-américains . Mais ce n' est pas le plus probable , même si , en ce domaine , il convient de rester prudent . Comment peut -il se dérouler ? Le second périmètre de défense extérieur , avec ses 40.000 gardes républicains ( présumés ) et ses six régiments de chars , s' effondre , démoralisé , haché par les bombardements intensifs de l' artillerie coalisée et de l' aviation . Rien qu' hier , par exemple , 600 missions aériennes ont ainsi été menées sur Bagdad et sa périphérie . Avec des objectifs ciblés , visant les systèmes de défense , de commandement , de communication . Une attaque , fut -elle éclair , ça se prépare . Le général Jean-Vincent Brisset , directeur de recherches à l' Institut des relations internationales et stratégiques , que nous avons joint hier , n' imagine pas du tout une « blitzkrieg » sur Bagdad . Il ne voit pas les Américains entrant tout de suite à Bagdad après de vrais combats au sol . « Il n' y a pas assez de soldats dans le secteur pour l' instant , les lignes de front sont trop étirées , la logistique ne suit pas , d' autant que les Américains sont très gourmands en munitions et ils vont en manquer . Ils n' ont pas pris une ville d' importance jusqu'à présent . Les Irakiens , qui fuient les combats en terrain découvert , se sont repliés sur la capitale , ce qui explique cette avancée très rapide » . 2 . UN LONG SIÈGE C' est le cauchemar des Américains . Car ce scénario sera forcément meurtrier pour la population et catastrophique pour l' image des coalisés vis-à-vis de la communauté internationale . C' est pourtant la projection la plus probable . N' oublions pas qu' il avait fallu 43 jours de bombardements sur Bagdad pour faire plier les Irakiens en 1991 . Mais pourront -ils se permettre d' entrer dans une ville en partie rasée ? 3 . UN « SADDAMGRAD » Les coalisés parviennent à entrer dans la ville , mais la population irakienne résistant , ils font face à une guérilla urbaine , comme à Stalingrad en 1942 - 1943 . Un autre cauchemar , car ce « Saddamgrad » sera forcément très meurtrier , notamment pour les « Boys » . Aux États-Unis , ça ne pardonne pas au niveau électoral . Certes , Bagdad est une ville moderne aux larges avenues aisément contrôlables . Mais une capitale de 5 millions d' habitants , c' est aussi un dédale de rues , des milliers de maisons et d' immeubles qu' il faut investir les uns après les autres . Et , sans aucun doute , c' est ce qu' envisage Saddam , qui mêlera sa garde prétorienne aux Bagdadi . « Il faudra bien plus de 150.000 anglo-américains pour contrôler la ville , truffée de mines , de ponts piégés . Sur ce point , les Irakiens n' auront aucun scrupule » , estime le général Brisset , qui émet toutefois des doutes sur l' utilisation d' armes chimiques et bactériologiques , car , dit -il « les troupes des deux camps seront mêlées au cours des combats » . 4 . LE RÉGIME S' EFFONDRE On peut toujours l' envisager , mais à différents niveaux . Primo : Saddam est touché par les bombardements ciblés , ce n' est pas impossible alors que les Américains multiplient l' utilisation de bombes à fragmentation , à effet de souffle ou à forte pénétration ( antibunkers de type GBU- 28 ) qui peuvent perforer , sous terre , 7 mètres de béton . Le dictateur mort , ses troupes et fidèles se débandent . Secundo : la population de la capitale se retourne contre le régime , le sachant condamné . Elle ne supporte plus les bombardements qui ébranlent jour après jour son moral et n' a plus rien à perdre . Et si ce ne sont pas les Bagdadi qui portent l' estocade , ce peut être l' entourage même du dictateur ou des responsables du parti Baas qui essaient de sauver , soit leur vie , soit leur avenir . Tertio : Saddam , se sentant perdu , s' enfuit en catimini pour une destination inconnue . C' est assez rare pour un dictateur de cet acabit , mais ça c' est déjà vu .