_: OTAGES - LE GAZ A FAIT PLUS D' UNE CENTAINE DE MORTS ET AUTANT DE VICTIMES EN RÉANIMATION Moscou : mystères et questions autour d' un assaut 4 . POURQUOI LES EFFETS DU GAZ SONT-ILS SONT-ILS AUSSI TERRIBLES ? Jean GUISNEL : 646 personnes sont encore hospitalisées , 150 dans des services de réanimation , 45 dans un état critique . Vladimir Poutine a annoncé une journée de deuil national . L' opération , considérée en Russie comme un succès malgré le nombre des victimes , semble avoir renforcé l' autorité du Président . Elle fait craindre aussi à de nombreux observateurs un durcissement du régime qui ne se limiterait pas à la seule Tchétchénie . Les médias , notamment , déjà soumis à un tour de vis , pourraient se retrouver dans la ligne de mire du pouvoir . D' autant que si l' opinion publique approuve globalement la manière dont s' est déroulée l' intervention des commandos , la presse ne se prive pas de polémiquer sur le mutisme de la police , sur l' accueil déplorable réservé aux familles des otages et sur le mystère épais , entretenu par le gouvernement , quant à l' origine de ce gaz qui semble avoir tué terroristes compris plus de 150 personnes . Des questions auxquelles le Kremlin devrait répondre s' il ne veut pas perdre tout le bénéfice de l' opération . n 1 . VLADIMIR POUTINE AVAIT-IL AVAIT-IL D' AUTRES OPTIONS ? Comme c' est toujours le cas dans la conduite des opérations militaires dans un pays où les armées sont subordonnées au pouvoir politique , la responsabilité de l' assaut revient exclusivement au chef de l' Etat russe , Vladimir Poutine . En l' espèce , devant l' une des prises d' otages les plus spectaculaires et dramatiques de l' histoire moderne , il a choisi la manière forte ; parce que , a -t-il dit , « on ne met pas la Russie à genoux » . D' autres responsables politiques ont eux aussi choisi , en leur temps , la manière forte ; héros des démocrates israéliens , Yitzhak Rabin ( assassiné en 1995 ) avait décidé et organisé l' assaut contre un avion d' Air France détourné sur l' aéroport d' Entebbé ( Ouganda ) en juillet 1976 . Six terroristes avaient été tués , de même qu' un otage . Autre exemple , douze ans plus tard : la grotte d' Ouvéa , en Nouvelle-Calédonie . Entre les deux tours de l' élection présidentielle , l' exécutif ordonne l' assaut des preneurs d' otages . Les troupes d' assaut françaises ( GIGN , commando Hubert de la marine , 11e régiment parachutiste de choc de la DGSE ) perdent deux hommes , libèrent les otages , et liquident dix-neuf indépendantistes canaques à l' issue de l' opération . En matière militaire , il n' est jamais question que de politique . Poutine aurait pu choisir de négocier avec les Tchétchènes , mais au prix d' une humiliation majeure , qu' il n' a pas voulu payer . Dans son esprit , il n' avait pas d' autre option . 2 . POURQUOI NE CONNAIT-ON CONNAIT-ON PAS LES CONDITIONS DE L' ASSAUT ? C' est une constante dans les forces spéciales : on ne détaille jamais à chaud la conduite de leurs actions , ni l' identité de leurs membres , ni la manière dont les ordres sont transmis ou exécutés . Ni même si la mission a été menée conformément aux ordres reçus . On en saura sans doute un peu plus dans quelques semaines ou dans quelques mois , lorsque des membres des sections d' assaut donneront quelques détails . 3 . POURQUOI AVOIR UTILISE DES GAZ ? Dans une telle opération , face à des preneurs d' otages aussi déterminés et à des détenus en nombre aussi important , une solution négociée aurait pris des semaines . Un assaut était la seule option retenue dès le départ par le Kremlin , mais l' utilisation directe d' armes à feu aurait fait courir des risques encore plus considérables aux otages , d' autant plus que le théâtre était bourré d' explosifs . Dans ce cas , l' utilisation de gaz incapacitants était une option risquée , mais relativement réaliste , et c' est le point de vue que défendent les autorités russes . Hier soir , on ne savait encore rien de la nature des agents incapacitants ni de leur dosage . Trente-six heures après l' assaut donné par les Spetsnaz , les forces spéciales russes , sur le théâtre de Moscou , le bilan ne cesse de s' alourdir . Il est évident que jamais de tels gaz n' avaient été utilisés dans ces conditions , et les Russes ne tiennent pas à faire connaître les traitements qu' ils appliquent aux victimes . Avec ce genre de toxique , utilisés dans des espaces confinés dont les « amis » peuvent aussi être victimes , on produit généralement des antidotes . Mais curieusement , les autorités américaines qui ont demandé communication de ces informations pour traiter une de leurs ressortissantes victime de l' assaut , n' ont pas pu obtenir de réponse . Pourquoi ? C' est encore un mystère , cachant visiblement quelque vérité que le Kremlin aimerait garder pour lui . 5 . L' UTILISATION DES GAZ EST-ELLE EST-ELLE UNE PREMIERE DANS CE TYPE D' AFFAIRE ? En décembre 1979 déjà , le capitaine Barril , du GIGN , et trois de ses gendarmes , envoyés par le gouvernement français à la demande du royaume wahabite , inondent de gaz de combat des dizaines de preneurs d' otages dans la grande mosquée de La Mecque . Les rebelles se rendent ; l' opération , dans son ensemble , aurait fait près de 180 morts chez les preneurs d' otages , et à peine moins dans les forces armées saoudiennes . 117 otages sont morts , deux seulement par balles , probablement tués par les terroristes , les autres sous les effets d' un gaz dont les autorités se refusent toujours à donner la nature et la composition . Chef du service investigations au journal « Le Point » .