_: FRANCE - ISLAM - APRÈS L' ÉLECTION DU RECTEUR DE LA MOSQUÉE DE PARIS À LA PRÉSIDENCE DU CONSEIL DU CULTE Musulmans de France : , enfin , de l' ensemble de la communauté musulmane demeure posée . C' est une belle unanimité qui a porté hier Dalil Boubakeur , recteur de la mosquée de Paris à la présidence du Conseil français du culte musulman ( CFCM ) . Une unanimité qui consacre un accord préparé à l' avance entre Paris et Alger . Les deux capitales voient dans la forte personnalité du nouveau président un homme déterminé à faire avancer les thèses souhaitées , de chaque côté de la Méditerranée , d' un islam modéré et tolérant . Le docteur de la loi en a la volonté , maintes fois réaffirmée . Mais , malgré ses précieux appuis politiques , en aura -t-il le pouvoir ? Son charisme personnel suffira -t-il à contenir les profondes divergences qui existent , désormais au grand jour , au sein de cette instance représentative ? Bref , le CFCM est -il aujourd'hui en ordre de marche pour accomplir les missions qu' en attendent les musulmans de France comme la République toute entière ? On peut en douter . Rappel des points qui coincent . LA LAÏCITÉ avec la question du voile mais aussi de la place de la femme dans la société , constituera de toute évidence un sujet épineux . Certes , il y a peu de chances que l' habile recteur parisien la pose de manière abrupte . D' abord parce que , formulée « à la française » , elle n' a que peu de sens dans une religion dont la vocation est justement de s' occuper de tous les actes de la vie , publique comme privée . Ensuite , et surtout , parce que le nouveau président doit compter au sein du Conseil avec la forte représentation de l' Union des organisations islamiques de France ( UOIF ) , dont les thèses fondamentalistes inspirées par la confrérie des Frères musulmans Organisation secrète . Créée en Syrie dans les années « 20 » , elle a essaimé au Moyen-Orient . Les assassins du président Saddate s' en réclamaient . ont assuré son implantation dans les banlieues . Là où la mosquée de Paris a échoué à s' imposer . Sur ce dossier , le CFCM peut trouver sa première limite : face à un discours « réformiste » et un désir de « mise en conformité avec la loi républicaine » , Dalil Boubakeur aura en retour « la loi de Dieu » , formulée par des « orthodoxes » légitimés par le vote dans les mosquées . L' INDÉPENDANCE PAR RAPPORT AUX PAYS D' ÉMIGRATION est tout aussi problématique . Tout en appelant de ses voeux un « islam français » le gouvernement n' a pas pu briser l' influence des capitales étrangères . A tel point que de nombreuses associations prônant véritablement le caractère national du culte musulman en France ont , pressentant l' ambiguïté de la situation , refusé de participer aux élections d' avril . LA REPRÉSENTATIVITÉ fractures ouvertes derrière une façade lisse Car en s' adressant uniquement aux mosquées et aux imams , le Conseil fait l' impasse sur une frange montante de la communauté issue de l' émigration : les musulmans laïques . Ceux -ci , à l' image d' intellectuels comme Malek Chebel ont annoncé qu' ils refusaient ce type de représentation et entendent aujourd'hui promouvoir un nouveau mouvement , le MLF ( Musulmans laïques de France ) .