_: JUSTICE - PLUSIEURS ANCIENS DIRIGEANTS JUGÉS À PARTIR D' AUJOURD'HUI Crédit Lyonnais : le procès d' un scandale Une très grosse affaire , qui a secoué la République , et à la clé , un procès très attendu . Le tribunal de Paris examine à partir d' aujourd'hui l' affaire des comptes du Crédit Lyonnais en jugeant ses anciens dirigeants , commissaires aux comptes et hauts fonctionnaires , dont Jean-Claude Trichet , pour qui se joue la présidence de la Banque centrale européenne ( BCE ) . Les neuf hommes , qui doivent comparaître jusqu'au 12 février , sont soupçonnés d' avoir présenté des comptes non sincères pour masquer l' ampleur du déficit de la banque publique . Le versement récent au dossier d' une nouvelle expertise comptable laisse cependant planer un doute sur un éventuel report à une date ultérieure de ce procès hors-normes . Les défenseurs s' entendent tous sur un point : le détournement de procédure utilisé , disent -ils , pour faire juger indirectement la quasi-faillite de la banque publique . « Face à un scandale financier qui a coûté au bas mot 100 milliards de francs ( 15 mds& 226;& 130;& 172; ) , il fallait faire en sorte qu' il y ait des coupables » , regrette l' un des avocats qui rappelle qu' il n' est pas question durant ce procès de juger « les problèmes de stratégie de la banque , ni les turpitudes des filiales » . Sur le banc des prévenus : trois anciens dirigeants de la banque , dont Jean-Yves Haberer , trois des hauts fonctionnaires qui supervisaient la banque publique , dont Jean-Claude Trichet , alors directeur du Trésor , et Jacques de Larosière , alors gouverneur de la banque de France , et trois commissaires aux comptes . Aujourd'hui gouverneur de la Banque de France ( bdF ) , Jean-Claude Trichet est le candidat de la France pour succéder , en juillet 2003 , au Néerlandais Wim Duisenberg à la tête de Banque centrale européenne ( BCE ) . Une condamnation lui fermerait les portes de la BCE . COMPTES TRONQUES A l' issue de l' enquête , le parquet avait demandé un non-lieu en sa faveur , mais le juge d' instruction n' avait pas suivi cet avis et décidé de le faire comparaître . Chacun des prévenus est soupçonné à son niveau d' avoir établi ou d' avoir laissé établir des comptes présentés et publiés fin 1991 , fin 1992 et au 30 juin 1993 qui ne donnaient pas une image réelle de la situation financière de la banque . Les enquêteurs estiment qu' une partie des risques financiers pris par les filiales était volontairement sous-évaluée , donc sous-provisionnée , ce qui permettait d' améliorer artificiellement la situation financière de la maison-mère . L' instruction a ainsi montré qu' il manquait entre 2 , 9 et 4 , 9 Mds F de provision en 1991 ( entre 440 et 750 M& 226;& 130;& 172; ) , et au minimum 3 , 747 Mds F ( 570 M& 226;& 130;& 172; ) en 1992 . « Ces montants sont minimes » , souligne cependant un proche du dossier si on les compare au montant des pertes ( plus de 100 Mds de F ) . L' affaire avait débuté sur plainte d' Alain Géniteau , un petit porteur passé professionnel dans l' art de la plainte , et avait été relancée en décembre 96 sur demande du ministre de l' Economie et des finances Jean Arthuis , alerté par un rapport de la Cour des comptes sur Altus Finance , filiale à 100 % du Crédit Lyonnais . Une expertise réalisée dans le cadre d' une procédure distincte pourrait cependant changer sensiblement la donne . Le parquet , qui a élargi la saisine du tribunal à ce rapport , a déjà indiqué qu' il ne demanderait pas d' emblée le report du procès . Mais le tribunal reste seul maître du calendrier judiciaire et un report de plusieurs mois reste possible s' il estime que des investigations complémentaires sont indispensables . Le procès est prévu pour durer jusqu'au 12 février , à raison de trois après-midi ( lundi , mardi et mercredi ) par semaine . Le tribunal devrait ensuite mettre environ deux mois pour rendre sa décision .