_: POLITIQUE . Insécurité : Le catalogne Chirac D' entrée , le candidat Jacques Chirac a choisi un thème qui lui permet de hausser le ton , tout en obtenant , à bon prix , l' approbation quasi-générale : la montée de l' insécurité . C' est - le répète -t-on suffisamment ! - l' une des préoccupations majeures de l' opinion qui , depuis vingt ans , ressent avec exaspération cette lente et insidieuse progression . Elle lui semble d' autant plus inexorable qu' aucun gouvernement , de droite ou de gauche , n' a réussi concrètement à l' endiguer . On a beau multiplier les commissions , plancher sur des rapports , décortiquer les statistiques et jouer les matamores devant le petit écran : nous vivons le temps des trafics , des rodéos , des voitures en feu , des injures et des agressions , on use du bel euphémisme d' « incivilité » pour qualifier des délits de plus en plus violents , des bandes organisées occupent un terrain délaissé par la police et les pouvoirs publics . On connaît l' état des lieux . Mais , si l' insécurité a toujours été un thème de prédilection pour la droite qui considérait que , sur ce terrain -là , elle marquait réellement sa différence avec une gauche suspecte de laxisme , il faut désormais admettre que le clivage idéologique s' est considérablement atténué . Chacun est conscient que ni l' angélisme ni le tout- sécuritaire ne viendront à bout de ce mal qui ronge notre société au plus profond , parce qu' il remonte à loin . C' est pourquoi le catalogue-Chirac fait en quelque sorte la synthèse de ce que nous entendons ça et là : oui à la lutte contre l' insécurité ; et oui à la lutte contre les causes de l' insécurité . Rien d' original sans doute . Mais qui pourrait le contredire sans aussitôt y perdre des plumes ? Lorsque le candidat Chirac nous affirme que la « fracture de l' insécurité » s' aggrave , il oublie de préciser qu' il a - lui aussi , lui et les siens - géré les affaires , et que , depuis sept ans , il est tout de même le chef de l' Etat . Lorsqu' il veut rétablir la détention provisoire de mineurs récidivistes , il oublie d' ajouter que c' est précisément lui qui , Premier ministre en 1987 , l' avait supprimée ! Lorsqu' il déplore le fonctionnement d' une justice « fragilisée » , personne n' oublie qu' il était encore récemment favorable à l' indépendance des parquets . Lorsqu' il revendique une justice égale pour tous , et notamment « l' impunité zéro » pour toute infraction , « si légère soit -elle » , encore faudrait -il - pour user d' un nouvel euphémisme - que l' exemple vienne du sommet . La création d' un ministère de la Sécurité intérieure , doublé d' un Secrétariat général permanent de la sécurité intérieure ( ? ) , fait partie de ces propositions ronflantes destinées à impressionner les chaumières . Remotiver les forces de l' ordre , « revaloriser » leur situation , leur donner les équipements et les personnels « nécessaires » , apporter à la justice des « moyens » pour qu' elle soit efficace et rapide : ce sont des promesses où chacun retrouvera ses petits - à condition d' en mesurer sérieusement l' impact budgétaire . Ainsi , à entendre tous les candidats déclarés , et depuis hier Jacques Chirac , il est à peu près certain que , dès mai prochain et quelque soit l' heureux élu , la France et les Français seront bien gardés . Voire ? ! ..