_: POLITIQUE - PAS DE RÉFÉRENDUM POUR LA RÉFORME Décentralisation : Chirac choisit le Congrès Ce sont les parlementaires réunis en Congrès sous les ors de Versailles et non les Français dans les urnes qui devront adopter la réforme constitutionnelle sur la décentralisation . Jacques Chirac a donc renoncé à sa promesse électorale formulée le 10 avril 2002 à Rouen d' organiser un référendum sur cette réforme essentielle pour le gouvernement Raffarin . Députés et sénateurs seront convoqués « probablement à la fin du mois de février » et comme le prévoit la Constitution , la modification qui va introduire l' organisation décentralisée de la France devra obtenir une majorité des trois cinquièmes . Interrogé sur la volte-face du président de la République , le porte parole du gouvernement Jean-François Copé est resté laconique : « Je ne sais pas ce qui est une promesse ou ce qui ne l' est pas » . Dès novembre , Jean-Pierre Raffarin , véritable fétichiste de la décentralisation , avait écarté la piste du référendum . Après les 70 % d' abstentions au référendum sur le quinquennat , l' Elysée et Matignon redoutent certainement une démobilisation massive sur ce sujet qui passionne peu les Français , en dehors des élus locaux et de quelques acteurs économiques . UN OUI TRES INCERTAIN Dans ce pays où la pratique bonapartiste et gaullienne a durablement dénaturé la vocation des référendums pour en faire des plébiscites , la majorité craignait surtout que cette élection ne devienne un vote pour ou contre le gouvernement Raffarin . En pleine réforme des retraites , avec un gros temps annoncé sur l' emploi , l' affaire était risquée . Enfin , le « oui » était loin d' être acquis . Les sondages et les débats lors des assises des Libertés locales montrent que beaucoup de Français abordent la décentralisation de façon très paradoxale : d' une part , ils demandent un pouvoir plus proche du citoyen , d' autre part ils placent l' Etat comme meilleur garant de l' égalité et de la solidarité sur le territoire . L' hostilité des fonctionnaires , des enseignants , la méfiance des syndicats se sont manifestées très clairement . A droite comme l' illustre la « sortie » de Jean-Louis Debré sur une France éclatée , mais aussi à gauche où pourtant radicaux et verts ont souvent été avant-gardistes dans ce registre , les « jacobins » ne manquent pas . D' un bout à l' autre de l' échiquier politique , les opportunistes prêts à embêter le gouvernement , les partis établis ou à exister politiquement grâce à une telle réforme sont encore plus nombreux . La gauche a d' ailleurs réagi vivement hier : le PCF et la LCR dénoncent un débat confisqué alors que François Hollande constate que le gouvernement « veut éviter un vrai grand débat » . Sans doute , un référendum représentait une vraie menace pour l' indispensbale processus de décentralisateur qui doit permettre à la France de se caler sur la réalité européenne , de recentrer l' Etat sur les compétences régaliennes et surtout de lâcher la bride à des collectivités souvent plus aptes et plus pertinentes que l' Etat sur les questions de vie quotidienne ( Transports , santé , social , environnement ) et de développement local . Mais le Congrès ne dispensera pas l' Etat d' une vraie réforme fiscale et d' un solide programme pédagogique pour réussir cette modernisation .