_: SECOND TOUR : BEAUCOUP DE FRANÇAIS HÉSITENT ENCORE ET LES SONDEURS REDOUBLENT DE PRUDENCE 5 mai : quel score pour Le Pen ? En attendant la journée cruciale du 5 mai , la question fondamentale , qui revient invariablement , aussi bien dans les médias que dans les cercles politiques et au sein même des familles françaises , n' est pas tellement de savoir si Jean-Marie Le Pen peut l' emporter sur Jacques Chirac mais par quel score il sera battu . Dans les rues , les vagues de protestation des étudiants et des lycéens ne disent pas autre chose : le rejet de l' extrême droite doit se traduire massivement dans les urnes . La Sofres nous apprend que 90 % des jeunes de 18 à 25 ans souhaitent la victoire de Jacques Chirac . Il est certain qu' un vote Le Pen à 30 ou 40 % n' aurait ni la même signification ni les mêmes conséquences en France et à l' étranger qu' un Front national qui redescendrait à son niveau habituel : entre 10 et 15 % . D' un autre côté , nombreux sont les électeurs de gauche qui répugnent à voter à droite et qui conçoivent mal que le président sortant soit réélu sur un plébiscite . Ce à quoi d' autres rétorquent que , justement , si Jacques Chirac obtenait un score fleuve Daniel Cohn-Bendit Cohn-Bendit souhaite ainsi qu' il obtienne 90 % des voix , il pourrait difficilement s' en prévaloir . Bref , le débat est loin d' être clos et il devrait se poursuivre jusqu'à la veille du second tour , tant l' indécision est grande dans les rangs de la gauche plurielle . Ce qui rend d' autant plus aléatoire l' évaluation du nombre des abstentionnistes ou des votes blancs . Les instituts de sondage ne s' y trompent guère : la plupart d' entre eux se refusent à publier leurs enquêtes à cause de la trop grande marge d' erreur qu' elles comportent . LE MEME DISCOURS Tout ce que l' on sait , nous révèle toutefois CSA , qui prend des précautions ( lire notre encadré ) , c' est que le président candidat pourrait être réélu avec 81 % des voix . Autre enseignement : les électeurs qui ont l' intention de voter Chirac le feront surtout par rejet de Le Pen et ceux qui comptent voter pour le candidat du Front national le feront d' abord pour son programme : étonnant , mais rien de bien neuf . Quant à Le Pen , il n' a pas infléchi d' un iota son discours du premier tour : en répétant à l' envi qu' il « vise plutôt 51 % que 40 % » , il promet « une « grande surprise » au second tour . Et comme pendant toute sa campagne , où il s' est employé à ne pas effaroucher l' électeur , il s' efforce encore de tenir pour un temps cette image « assagie » qui lui a valu probablement de gonfler son score . Ainsi , hier , en affirmant qu' il « n' était pas fasciste » , il s' en est pris au chef du gouvernement espagnol Jose Maria Aznar et au vice-premier ministre italien Gianfranco Fini qui ont publiquement appelé les Français à voter pour Jacques Chirac . Reste à passer sans anicroche le cap du 1er mai : si l' on prévoit en effet et si l' on espère un raz de marée anti-extrême droite , on peut redouter également des débordements qui ne sauraient profiter qu' à Le Pen . D' autant que les partisans du FN partageront la rue avec leurs adversaires . En attendant , ce 1er mai devrait être précédé par deux nouvelles journées de manifestations , lycéennes et étudiantes , un peu partout en France . Dès aujourd'hui , plusieurs organisations , dont l' Unef et la FIDL , appellent à un rassemblement à Paris , place de la République . La force de conviction des jeunes français l' emportera -t-elle sur les hésitations et les scrupules de leurs aînés ?