_: Parabole . Cannes La Quinzaine des réalisateurs C' est encore loin Jérusalem ? James s' embarque pour un voyage initiatique vers la Terre sainte . Un parcours semé d' embûches , drôle de bout en bout . Le voyage de James à Jérusalem ( James's journey to Jerusalem ) De Ra'anan Alexandrowicz Israël , 1 h 27 James a une mission : effectuer vaille que vaille le voyage en Terre promise . Il a pour tout bagage une bible et porte ses plus beaux atours pour se rendre à Jérusalem . James est originaire d' Entshongwen , un petit village perdu dans la brousse africaine . Il parle zoulou , trois mots d' anglais . À l' aéroport , il est bien évidemment arrêté et enfermé avec bon nombre de ses semblables , candidats à la roue de l' infortune en Israël . Les lois ressemblent à s' y méprendre à celles qui sévissent en Europe : tout étranger est un clandestin potentiel en même temps qu' une main-d'oeuvre bon marché . Un petit patron , à la tête d' une entreprise de nettoyage , vient se servir en " personnel " . Ce jour -là , il croise le regard de James , l' embauche sur-le-champ . Et lui confisque son passeport . James parviendra -t-il à atteindre son but ? On ne dévoilera pas la fin de cette histoire truculente à moult rebondissements . Premier long métrage de Ra'anan Alexandrowicz , le Voyage de James à Jérusalem est un film jubilatoire , haut en couleur , une plongée en apnée dans la société israélienne contemporaine , un pays où les gens croient davantage aujourd'hui en la réussite économique qu' en n' importe quel Dieu , où chacun est prêt à écraser son prochain pour son petit profit . Même le vieux M. Salah n' hésite pas à arnaquer son prochain . Grincheux comme c' est pas permis , incarnation du vieux rêve sioniste , il s' entête à conserver sa vieille bicoque et le lopin de terre qui lui sert de jardin au grand dam de son patron de fils qui rêve d' une opération immobilière . Pendant ce temps , James , séduit un temps par l' appât du gain , cède aux sirènes du libéralisme et entasse les billets de banque . Dit de la sorte , cela pourrait paraître caricatural . Cela ne l' est pas . Le regard d' Alexandrowicz sur chacun de ses personnages est suffisamment vif et percutant pour éviter les poncifs du genre - les bons et les mauvais , les pauvres et les riches ... Ils sont tous un peu salauds , pas mal naïfs , pas mauvais bougres au fond . Un cocktail explosif . Ça exploite , ça se laisse exploiter , ça gueule et ça s' engueule dans tous les coins et chacun cherche non pas son chat mais à arnaquer l' autre . Des sujets graves - les rapports Nord-Sud , les clandestins , le travail - sont traités ici avec un humour féroce et déconcertant . Alexandrowicz ose filmer l' envers du décor de la société israélienne , plonge sa caméra là où les yeux ne veulent pas voir . Il réussit pour autant à éviter un ton moralisateur , s' amuse à détourner ce qui aurait pu être des caricatures psychologiques , évite tout pathos , tout misérabilisme . C' est drôle de bout en bout , et l' on se prend à suivre avec délectation l' itinéraire de tout ce petit monde dans un univers impitoyable .