_: Marseille . Le chorégraphe Luc Dunberry a présenté sa dernière création au Festival Décor froid derrière et show devantLe chorégraphe canadien propose une oeuvre à l' expressionnisme gelé , en inventant sans cesse l' espace , le rythme , les corps , pour signifier une société entièrement régie par l' oeil de la caméra . Luc Dunberry a présenté Seriously au Festival de Marseille Le Festival de Marseille , dirigé par Apolline Quintrand , se poursuit jusqu'au 25 juillet . Informations et locations au : 04 91 99 02 50 . 6 , place Sadi-Carnot , 13000 Marseille .. Il travaille au sein de la Schaubühne de Berlin et figure parmi les vingt-cinq danseurs de NoBody , la dernière création que Sasha Wlatz met en scène ces jours -ci dans la cour d' Honneur d' Avignon . Dans un décor froid , constitué d' une série de portes blanches , lesquelles ménagent d' astucieux passages , il pose son collectif composé de six acteurs et deux danseurs , enrôlés dans un monde de caméras et de show télévisé . L' argument , délibérément sans queue ni tête , débute par un mémorable noeud de câbles électriques , où les interprètes se prennent les pieds . Le compte à rebours d' un passage à l' antenne en est la cause . Les flashs qui crépitent , confèrent aux planches un petit air cannois . On a affaire là à une mise en boîte de la chiennerie médiatique . Luc Dunberry parvient à tirer son épingle d' un jeu qui n' est pas sans rappeler l' univers de Sasha Waltz . Les mouvements secs , volontiers brutaux , que la chorégraphe impose à ses danseurs , se doublent , chez lui , de courtes scènes empreintes d' une lenteur proprement hypnotique . L' époque est auscultée depuis ses symptômes les plus francs . On vient poser devant l' objectif , tandis qu' un présentateur fouille sous les jupes . Au milieu de ce monde épouvantable où l' on se croise sans se voir , où l' on se parle sans s' entendre , où chacun a toujours sur tout et rien , son mot à dire , certains s' isolent , rentrent même de tout leur corps dans l' insignifiance . Un des deux danseurs est refoulé à coups d' épaule dans un coin . Une main accrochée à la rambarde , les pieds dans le vide , il parvient à adhérer à la surface verticale , au prix d' une tension de tous les muscles . On dirait un lézard sur son mur . L' une se suicide en s' empêchant de respirer ( elle se bouche le nez ) . Une fois morte , elle raconte aux autres comme c' est agréable de n' être plus vivant . L' ensemble de Seriously est bourré d' inventions gestuelles . Dans une société où l' homme est un produit jetable comme le reste , Luc Dunberry décide de planter , au milieu du décor , blanc , aseptisé , digne d' une salle d' aéroport , un rouleau compresseur d' une taille certaine . Impossible de quitter la scène sans en passer par lui . Les interprètes sont avalés chacun à son tour . L' une , le corps caché par le mur , amorce depuis ses seules mains un théâtre de gestes . La voilà qui mime un concentré d' époque saisi selon ses travers les plus hygiénistes et grossiers . La sexualité , elle parvient à la suggérer à l' aide de ses deux doigts qui vont et viennent entre deux autres bien écartés . Il est question de considérer le sexe comme un sport à part entière , à pratiquer souvent . Une autre prononce au micro des bordées d' injures traduites en français , non sans un clin d' oil à l' argot de Marseille , quand elle use du terme de " pachole désséchée " . Les rapports hommes-femmes s' établissent et se délitent d' emblée , au fil de saynètes où la défaite est rendue inévitable . On se gifle à qui mieux mieux . Les comédiens jettent en l' air le corps de leur partenaire féminine qu' ils rattrapent in extremis . C' est violent , âpre , sans état d' âme . Une femme , face à trois hommes , jette un coup d' oeil plein d' ironie sur l' entrejambe de chacun avant d' éclater de rire . On imagine sans peine la pensée simple qu' elle remue .