_: Musique . La 27e édition du Printemps de Bourges s' est achevée hier . Bourges : le renouveau retrouvé du Printemps Des dizaines de milliers de personnes et la confirmation d' une fréquentation d' un " public jeune retrouvé " . C' est dans un esprit de " renouveau retrouvé " que la 27e édition du Printemps de Bourges s' est achevée hier . Daniel Colling , son directeur , était aux anges en annonçant les chiffres de cette année . Soit 61 604 entrées ( 53 800 payantes ) , qui viennent confirmer " l' élan de la précédente édition " . Le Printemps a observé un " accroissement de la fréquentation vers un public jeune qu' on peut qualifier de retrouvé " et " l' équilibre financier a été réalisé " , a indiqué le patron du festival . De bons résultats qui vont lui permettre d' aborder l' avenir " plus sereinement " et surtout de développer des " projets encore plus ambitieux " . C' est ainsi que l' on envisage de décliner la formule du Printemps à l' étranger . On parle de Lisbonne . Et dans l' entourage de la direction , on annonce qu' on " étudie la faisabilité d' un Printemps de Bourges à Alger " . L' extraordinaire ici , est qu' à chaque édition le Printemps réserve son lot de surprises . À l' image du concert d' ouverture de Massiv Attack , qui restera comme l' un des grands moments du festival . Emmené par Robert del Nadja , auquel on doit l' excellent 100 Th Window , l' initiateur du trip-hop de Bristol , a proposé un show ramenant aux réalités d' aujourd'hui . Ainsi , la guerre d' Irak a -t-elle été dénoncée par le biais de slogans défilant sur un écran d' ordinateur géant : " La guerre était -elle illégale ? " , " Le monde est -il plus sûr maintenant ? " , " L' ONU est -elle encore appropriée ? " . Autant d' interrogations passées en boucle sur fond de pop contemporaine quelque peu déprimée , mais excessivement créative . Mêlant la voix de Dot Allison à des sonorités par moment industrielles , Massiv Attack a fait résonner une musique résolument désincarnée alliée à l' univers virtuel de l' informatique . Une pop qui donne à réfléchir au monde de l' information , décliné ici en direct . Retraites , Nasdaq , destruction des forêts , consommation de pétrole , surarmement . tout y passe dans cette critique radicale du monde et de ses soubresauts . Certainement le concert le plus " politique " du Printemps . La venue du Nigérian Keziah Jones correspondait à la sortie de son nouvel album Black Orpheus , dont le titre renvoie autant à ses racines africaines qu' au film de Marcel Camus , Orfeu Negro . Elégant , coiffé d' une casquette blanche contrastant avec sa fine silhouette d' ébène , il est né au Nigeria où il a passé son enfance avant de s' installer à Londres . Au Phénix , il a interprété une musique quelque peu inclassable , relevant à la fois de la world , du blues et du funk , pas si éloignée de son premier album Blufunk is a Fact . Marchant sur les traces de Fela qu' il a rencontré , Keziah Jones est un griot qui chante son identité noire sur un beat moderne . Il devra toutefois gagner en profondeur , s' il veut parvenir à toucher le coeur des gens . Beck n' a eu aucun mal à remplir les 900 places de la Hune . Après le Rex à Paris , il avait choisi Bourges , comme deuxième date de sa tournée européenne pour présenter son spectacle solo . Originaire de Los Angeles , Beck est un jeune songwritter fortement influencée par le folk-rock américain . Seul en scène , entouré d' un piano de saloon , de quatre guitares acoustiques et d' un clavier électrique , il relève de l' artisan , dans univers mariant le folk-rock des guitares à l' électro des seventies . Auteur-compositeur , jouant parfois de l' harmonica , il aime les sonorités un peu crades , les boîtes à rythmes où s' entendent des cymbales fatiguées , le piano Fender réglé sur un son un peu gras qu' il accompagne d' une guitare électrique au jeu également râpeux . Tel est le blues poisseux de Beck qu' il chante d' une voix nasillarde . De quoi imposer le respect à des fans conquis . Zazie à Bourges s' était fait une voix de rockeuse au timbre éraillé . La voilà en duo virtuel avec Axel Bauer , lui en image noir et blanc sur écran géant . Au passage , la chanteuse tient à préciser qu' elle n' a pas fait de tournée depuis trois ans . " Il m' est arrivé de douter , mais depuis que j' ai recommencé , je sais pourquoi je fais mon métier , je vous remercie . " Zazie parle ( trop ? ) entre deux chansons , blague avec le public ou convoque des lampions chinois pour un show qui alterne pop aérienne et variété où s' exprime sa féminité . Mais jamais , elle ne se prend au sérieux Zazie , distillant des textes aux subtils jeux de mots . Le public en redemande . Après Mickey 3 D , c' est dans un Phénix bondé que Renaud a fait son retour au Printemps qui l' a vu débuté ici en 1978 ( à la Maison de la culture ) . Entre-temps , le docteur Renaud a dû s' arranger de son double Mister Renard , tube interprété en début de concert par un rebelle en blouson de cuir . Il est applaudi comme une rock star . Ce à quoi l' auteur de Mistral gagnant demande : " c' est le Renaud où le Renard que vous applaudissez ? " . Dans la foule , il y a les fans de la première heure , mais aussi des plus jeunes qui le découvrent sur scène . Dans un décor de village provençal , il rend hommage au " Gloupier " , l' entarteur , avant de chanter Pochtron , chanson " plus du tout d' actualité " , dit -il , qui raconte les déboires du Renaud de ces dernières années . Renaud assure ne pas vouloir chanter de " vieilles chansons " mais il ne peut s' empêcher d' interpréter ses " chouchoutes " , En cloque ou la Pêche à la ligne . Un coup de griffe aux journalistes " qui trouvent qu' il y a encore beaucoup de progrès à faire côté voix " par -ci , un Coeur perdu par -là , il y a le Renaud-teigne et le Renaud-tendresse façon Gainsbourg-Gainsbarre . Depuis 28 ans , il oscille entre ces deux extrêmes . C' est pour ça qu' on l' aime , à cause des contradictions qui l' habitent en permanence . Il agace autant qu' il charme et il le sait . Il lui suffit alors de chanter Laisse béton , " une vieille de chez vieille " , pour se mettre le public dans la poche , une chanson qui l' a lancé ici , à ses tout débuts . Pour Renaud , ce soir -là , la boucle était bouclée . Impossible d' évoquer la quarantaine de spectacles proposés cette année . Mais on dira tout de même un mot sur celui du discret Vincent Delerm qui , accompagné de son seul piano à queue , n' a pas son pareil pour raconter les petits riens qui font la vie de tous les jours . Ici , pas de démagogie , encore moins d' artifice . Seulement le talent , le vrai d' un auteur-compositeur au répertoire pas si " minimaliste " que ça . Enfin , il faudrait dire la beauté triste du rock de Placebo . Sans oublier d' évoquer l' électro-pop en apesanteur d' Emilie Simon : jolie trouvaille à la voix acidulée , dans sa robe à rayures cousue , le matin , par elle-même . Elle a vingt-quatre ans . C' était son cinquième concert depuis ses débuts . Emilie Simon ira loin . L' une des révélations de ce Printemps .