_: Cinéma . Au ciné , dans la vie et entre les deux Les frères Larrieu Ignorés de La Croisette , les frères Larrieu réalisent pourtant avec Un homme , un vrai , une comédie de belle tenue et d' admirable fraîcheur . Rencontre . Des Lumière aux Taviani , on ne compte plus les frères qui choisirent dès leurs débuts de travailler ensemble ( on en trouve même de faux comme les frères Vassiliev du temps du meilleur cinéma soviétique , qui ne furent jamais qu' homonymes ) . Parmi les derniers en date avec les frangins Wachowski ( Matrix Reloaded ) , et leurs contemporains à une poignée de mois près , il faut désormais compter avec les Larrieu , Jean-Marie né en 1965 et Arnaud , né à Lourdes également cinquante et une semaines plus tard . Selon leur choix , rendez -vous a été pris dans un bistro populaire du 20e arrondissement , digne de faire pâlir d' envie le décorateur d' Amélie Poulain . Tous deux affichent un semblable physique terrien qui pourrait leur permettre de jouer les gouapes pasoliniennes et consomment du Ricard . L' un descend les cacahouètes de la coupelle , l' autre pas . C' est bien leur unique dissemblance , avec la couleur de leur pull , car pour le reste chacun complète si parfaitement les phrases de l' autre qu' on renonce vite à prendre note des tours de parole , comme à poser des questions d' ailleurs . " Le film a été écrit pour Mathieu Amalric . Nous l' avions sur la Brèche de Roland , qui se passait en montagne et où il jouait une sorte de citadin maladroit . Nous avons vu alors qu' il était très agile . Nous avions tourné un court métrage vidéo avec Hélène Fillières . La production hésitait mais nous étions sûrs d' elle . Elle ne portait pas le cliché de la comédie , tout en ayant l' énergie de ça , comme les comédiennes de Hawks . A priori , elle était un peu plus jeune que le rôle , d' où la nécessité d' inventer le personnage . D' après le titre , c' est le garçon qui se devait d' être un homme vrai mais elle a dû prouver aussi qu' elle devait être une femme . Ce sont des gens pas forcément dans la psychologie mais avec qui on a de vraies discussions . D' où un homme vrai et une de ces femmes hawksiennes qui donnent des coups d' accélérateur et sont physiquement solides . On peut penser à la troisième partie d' Hatari sur les animaux , le rapport à la nature et les femmes qui ramènent l' homme à l' animalité . Nous ne sommes plus dans la littérature comme il y a quelques dizaines d' années . Les histoires d' amour n' existent pas sans les clichés que l' on a sur l' amour qui aujourd'hui viennent du cinéma . Il en va de même avec les séquences de comédie musicale . Après , l' ironie c' était de prendre une chose très régionaliste comme la reproduction des coqs de bruyère et d' en faire quelque chose de très hawksien sur la maîtrise du territoire . Tout ceci n' empêche pas qu' on aime bien les Straub et qu' on pensait à Moullet tout autant qu' à Hawks . Nous voulions garder ce décalage entre les moyens et les buts venus du super-huit qui fait que ce sont les personnages qui portent les genres . " " Nous avons eu un grand-oncle chasseur qui braconnait , un grand-père qui fait du cinéma amateur et notre oncle qui filmait les coqs de bruyère dans le parc des Pyrénées , puis nous avons réalisé nous-mêmes un film de commande pour le parc national des Pyrénées . Le reste provient de la cinéphilie . Nous venions de Toulouse et sommes montés à Paris voir des films . Nous avions une confiance intime dans le cinéma , dans le rapport simple à ce qui est filmé et le goût du super-huit de plonger dans des choses qu' on n' a jamais faites . Nous avons longtemps tourné avec de non-comédiens , dans la hantise du réalisme . Ici , nous avions une manière de diriger les acteurs qui les a amusés . Mathieu Amalric se définit comme un non-acteur qui a besoin de vivre la scène pour la jouer et on le laissait un peu faire . Nous avons tourné dans la continuité , donc la barbe qu' il porte dans la troisième partie était fausse et cela l' a beaucoup aidé , l' a forcé à une certaine fixité . De plus , il fallait tenir compte de la saison des amours des coqs de bruyère , qui tombe pendant le Festival de Cannes . Nous avons deux plans où les acteurs et les coqs sont ensemble . C' est un jeu sur le vrai et le faux , l' arrivée dans un milieu dit naturel pour y découvrir une artificialité incroyable . Les animaux qui font des parades chantent et les acteurs se mettent à chanter . Nous avons essayé d' avoir une histoire claire , de rendre les choses lisibles , d' entretenir un vrai rapport à la liberté du spectateur qui doit pouvoir décider si c' est du lard ou du cochon , comme chez Renoir avec son pas à droite et son pas à gauche . Est -ce que les événements qui nous arrivent doivent être pris au sérieux ou autrement ? Faire du cinéma , c' est réfléchir au point de vue , savoir pourquoi une situation glisse vers la comédie ou se dramatise . Il y a du cinéma contenu dans la vie . Nous , ça nous amuse d' être entre les deux . "