_: Festival d' automne : la danse reçue cinq sur cinq La première représentation de danse du Festival d' Automne a eu lieu au Centre Pompidou , jeudi soir dernier . Le chorégraphe suisse allemand Thomas Hauert - ancien élève d' Anne Teresa De Keersmaeker - couronné aux rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis ( Bagnolet , 1998 ) , a présenté 5 . Festival d' Automne . Zoo / Thomas Hauert , Mark Lorimer , Sara Ludi , Samantha van Missen , Mat Voorter , c' était au Centre Pompidou . Un chiffre symbolique à plus d' un titre . L' artiste fête les cinq ans de Zoo , sa compagnie , c' est le cinquième spectacle du groupe composé de cinq membres ( Thomas Hauert , Mark Lorimer , Sara Ludi , Samantha van Wissen , Mat Voorter ) lesquels créent , à parts égales , chacune des cinq pièces courtes de la soirée . Cette démocratie de création au sein d' un collectif s' inscrit dans la droite ligne des débats qui agitent depuis peu le monde de la danse et qui interrogent la séparation des rôles entre auteur et interprètes . Avec 5 , chacun dans le groupe a donc à charge d' inventer une forme en mettant en scène le corps des autres . Beau partage . L' ensemble se révèle de très haute tenue , non sans une pointe d' aridité pour certains , lesquels pêchent sans doute par excès de complexité , sans la magie des dénouements qui signe les combinaisons rythmiques d' Anne Teresa de Keermaeker , justement . Samantha van Wissen ouvre la soirée avec Via . La jeune femme tente de se projeter mentalement à divers âges de sa vie , en se posant la question suivante : " Comment ai -je bougé ou comment bougerai -je à tel stade , quelle qualité spécifique chaque âge apporte -t-il ? " . Via s' efforce d' abord de capter les mouvements d' une femme enceinte . Samantha van Wissen en personne apparaît à l' écran , avant de se montrer en chair et en os , mince et délivrée . Le poids de la vie qui germa en elle empêche certains mouvements comme la rotation des hanches , le travail abdominal , le renversement du buste en avant . Ce corps , lesté , n' en demeure pas moins doué d' une formidable ébullition , tant il exprime jusque dans sa forme - le ventre rond comme un front de bélier - une force qui va . Paradoxe : entre la femme enceinte d' hier et la danseuse d' aujourd'hui , l' enveloppe enfin libre de tous ses gestes ne retrouve pas la légèreté du corps au ventre rond . Pour oublier sa pesanteur native , il lui faudra bouger beaucoup , partout , au point que la vitesse tient lieu de légèreté . Ce qu' on ne possède pas en propre , il faut l' inventer , nous signifie -t-elle . Mark Lorimer s' intéresse au miroir avec Nylon solution , en une courte création faite de ponctuations décalées , d' immersions , de décompositions en boucles . Une pièce singulière , où l' on sent une recherche plus laborieuse . Thomas Hauert , pour sa part , a proposé son Common Senses . Sur une trame parfaitement maîtrisée , complexe en diable , il dessine l' espace au moyen de corps , tantôt pondérés , tantôt violents , qui filent de jardin à cour en un ressac obsessionnel . Contacts , transferts d' énergie , masse compacte , enchevêtrements , lignes de crête demeurent les maîtres mots de cette danse . Le Solo renversé de Sara Ludi coule de source , en toute souplesse . Les deux danseurs vêtus de collants noirs se déplacent de jardin à cour d' abord . Ils semblent une série de signes foisonnants , avec la belle arabesque des bras , les corps pareils à des branches aux boutures en bourgeons ( les mains , les jambes ) . Enfin le duo õ de Mat Voorter ne manque pas d' humour , sous l' espèce de match au sol entre deux interprètes habitués à danser ensemble . Les efforts pour renverser l' adversaire font d' eux des corps bruyants . Ils râlent , hurlent et jurent . Toute lutte est facteur de douleur . ( 2 ) Location et programme : 01 53 45 17 17 . ( 3 ) www.festival-automne.com