_: Avec eux Pour l' indemnisation des chômeurs , le MEDEF et la droite ont encore frappé . " Il faut que je retrouve un vrai travail , tout de suite ... " Ils sont tous en rupture . Certains le savent . D' autres pas . " Le chômage est comme un bain dans lequel l' eau coule et où on a décidé de ne pas mettre de bouchon ... " Haut , bas , vie quotidienne , ils ont le vertige de leur propre humanité . Ça , ils le savent . Tous . " La mondialisation , avec sa quête du seul profit , provoquera bientôt un réveil de masse . " Pourtant , chaque matin au réveil , parce que leurs idées fixes les obsèdent et leur déchirent la gorge , ils plongent au plus profond de l' inhumanité sociale et doivent se cramponner pour avoir l' aplomb face aux surplombs des injustices . " Si tu ne te sens pas soutenu mais plutôt enfoncé , tu te laisses aller et tu t' enfermes dans une déprime aux conséquences tragiques ... " Quant aux soirs , à la recherche du sommeil , ils descendent , seuls , accrochés à ce fil ténu de la combativité , fouillant dans leurs entrailles les raisons d' en être . Quand même . " Quand on est dans ces états de détresse sociale , on finit par oublier ces minima vitaux ... " Ils s' appellent Charles , Bernard , Paul et Bruno . Ou encore Gina , Daniel , Mathieu , Ludo et Maryse . Parce que nous avons décidé de raconter une semaine de leur existence et parce qu' ils en ont accepté le principe , allant jusqu'à se photographier eux-mêmes dans leur local d' AC ! de Besançon , ce numéro de l' Humanité hebdo est un peu le leur . Témoigner pour l' époque , comme ils le font , ce n' est pas la refléter passivement , c' est s' en indigner , c' est vouloir la changer . Avec eux et grâce à eux , nous rendons hommage à tous les chômeurs de cette France meurtrie qui entre , la gueule de travers , dans une année 2003 de tous les dangers . Oui , ces gens -là sont en danger ! Le récit que nous publions ne laisse pas indemne . Des tentatives de résiliation permanente des listes de l' ANPE , aux brimades administratives ou patronales , en passant par une espèce de flicage ( inconscient ? ) , les chômeurs connaissent à peu près toutes les situations . Notamment cette peur de ne " pas être en règle " qui les contraint à trimballer leurs " papiers " et autres " justificatifs " . Et puis il y a leurs mots . Eux n' ont pas été dupes , l' autre soir devant les écrans de télévision , en voyant Jacques Chirac prononcer ses voeux . L' argumentaire et les bons sentiments du chef de l' État n' auront pas résisté longtemps à l' épreuve des faits . Les textes de loi défilent , les amendements s' additionnent , les décisions gouvernementales et parlementaires se prennent et vont toutes dans le même sens : sous la houlette de Raffarin et du MEDEF , le paysage social français bascule chaque jour un peu plus dans le chaos ultralibéral . Les chômeurs sont particulièrement bien placés pour s' en plaindre . À la maxime " on ne prête qu' aux riches " déjà tristement célèbre , la majorité vient en effet d' en ajouter une seconde : " On ne prend qu' aux pauvres ! " L' accord - dénoncé par la CGT - conclu nuitamment le 19 décembre pour " sauver " l' UNEDIC en dit long . Non seulement les conditions d' indemnisation des privés d' emploi sont revues à la baisse , mais les chômeurs et les salariés seront contraints de mettre la main au porte-monnaie pour boucher le trou du régime d' indemnisation . Les chômeurs ? Ils régleront 50 % de la " facture " , celle des licenciements massifs qui se multiplient depuis septembre . Les salariés ? Eux paieront 25 % de la note avec pour toute perspective celle d' être plus mal indemnisés s' ils perdent leur emploi . Et le patronat ? Lui ne s' acquittera que des 25 % restant . Monsieur Seillière peut être fier ! Tout bénef pour le MEDEF : quand les siens voudront employer un chômeur sans emploi depuis plus de douze mois ou âgé de plus de 50 ans , l' UNEDIC versera durant trois ans 40 % du salaire ! Voyez -vous , on licencie , on embauche des ex-licenciés , on recommence infiniment , et le marché du travail reste " flexible " et " bon marché " . Une honte . Nous pensons à Charles , Bernard , Paul , Bruno , Gina , Daniel , Mathieu , Ludo , Maryse . Et tous les autres . Nous sommes avec eux . Définitivement .