_: " Chômage-land " ( La mécanique infernale d' une Europe socialement en lambeaux est enclenchée . Les responsables : Blair , Shröder , Berlusconi , Aznar , Raffarin , tous plus ou moins au service des marchés financiers . ) Qu' est -ce qu' un chômeur français , italien , allemand , hollandais , etc. ? Bref , qu' est -ce qu' un chômeur européen ? Une victime des politiques menées . Ni plus ni moins . Officiellement , derrière la stricte froideur des statistiques , ils sont plus de 14 millions dans cette Union européenne appelée à s' élargir . Sans parler de ceux , enfouis dans chaque pays sous des monticules de dispositifs aussi hypocrites qu' odieux , dont on ne comptabilise plus l' existence - par le miracle désormais " normée " à l' échelle européenne d' une définition très restrictive du chômage . La réalité est plus brutale encore pour ce grand continent , qui porte toujours en lui une quête d' universalité : en tenant compte de ces " oubliés " , précaires , ultraprécaires , intérimaires ou esclaves de petits boulots quelques heures par mois , il faut probablement , et sans exagération , doubler ce nombre par deux . Imaginez un peu : près de trente millions de chômeurs ! Presque un pays à eux seuls , laissés à la dérive , comme ces variables d' ajustement rayées d' un trait de crayon lors des comptes de fin d' année ... La récession s' est déjà installée durablement en Allemagne , aux Pays-Bas . Elle menace la France , l' Italie , le Portugal , etc. Les incantations de notre ministre des Affaires sociales , François Fillon , qui , dévotement , déclarait ce jeudi encore qu' il prévoyait " une amélioration " sur le front du chômage au " dernier trimestre de cette année " , n' y changeront rien . La mécanique infernale de sociétés socialement en lambeaux est enclenchée . Les responsables sont identifiés : Blair , Shroeder , Berlusconi , Aznar , Raffarin , avec leurs spécificités , mais tous au service des marchés financier et des logiques économiques néo-libérales . Ils sont aujourd'hui en accusation . Parce qu' ils laissent faire . Parce qu' ils incitent ou accélèrent la casse , les " redéploiements " , les " fusions " , les délocalisations . Comment , en effet , se résoudre au déclin industriel de la France ? Prenons un exemple . Sous prétexte que nos coûts salariaux ne seraient pas " compétitifs " , et sous prétexte aussi que les actionnaires tout-puissants attendent un retour sur investissement financier devant se situer autour de 15 % , Schneider , qui " ne " dégage qu' un taux de 11 % , lance un plan de restructuration bien qu' il soit la plus performante des entreprises industrielles . Comment ne pas hurler devant cette conception de la compétitivité qui ne favorise pas la maîtrise industrielle et des savoirs et permet aucun développement des richesses - sauf celles des boursicoteurs et des fonds de pension attirés par le roi dividende . À ce propos , qu' y a -t-il de plus révoltant que cette phrase de Jean-Pierre Raffarin : " L' avenir de la France , ce n' est pas un immense parc de loisirs " ? Rappelons au chef du gouvernement de notre grande nation , que l' industrie française reste attractive , puisqu' elle est encore à ce jour le troisième pays au monde destinataire des investissements directs étrangers , et que , n' en déplaise à nos cyniques ministres , les salariés français demeurent en ce début de XXIe siècle les plus productifs du monde : ils " engendrent " en moyenne 74 % de richesses en plus qu' un salarié coréen , 17 % de plus qu' un Japonais , 14 % de plus qu' un Anglais , 11 % de plus qu' un Allemand ! Le premier ministre affirme vouloir favoriser " le travail " , mais que fait -il avec l' appui mercantile du MEDEF ? Il fait les poches des plus pauvres en " sabrant " l' allocation de solidarité spécifique . L' autre jour à la télévision , Raffarin.com a beaucoup parlé de désindustrialisation . Les Français savent qu' il y a au moins une industrie qui se porte bien : celle qui fabrique du chômage . L' entrée dans l' Union européenne de dix nouveaux pays - qui ne saurait constituer en soi un handicap pour l' avenir des peuples concernés - comporte néanmoins le risque d' une mise en concurrence accrue , et " par le bas " , des salariés entre eux . Bien sûr , l' environnement économique mondial est important . Mais le chômage a des causes . Et les seuls éléments qui empêcheraient cette descente aux enfers du marché du travail seraient la création , à l' échelle de l' Europe , de systèmes de protection sociale , de politique et de formation .