_: Solidaires Tendre la main n' a pas de prix . C' est dans la solidarité que se mesure l' humanité d' une civilisation . D' abord et avant tout tendre la main . C' est ce que font depuis quarante-huit heures , les milliers d' hommes et de femmes , professionnels ou bénévoles , élus locaux , simples voisins , citoyens qui se sont portés au-devant des victimes de ce qui apparaît désormais comme la plus grande catastrophe climatique jamais subie dans une région qui , pourtant , en a connues bien d' autres . Tendre la main , parce que la vie d' une enfant , d' une maman , d' une grand-mère arrachées in extremis à une automobile transformée en prison , hélitreuillées depuis les combles vacillants de leur maison ou récupérées en canot pneumatique au beau milieu d' un village transformé en cité lacustre , ça n' a pas de prix . Tendre la main , parce qu' on le sait bien : lorsque les risques imminents ont été surmontés , lorsque la tension baisse d' un cran et qu' on commence à tirer le bilan provisoire dans les familles , villages et villes frappées par la catastrophe , lorsqu' on dresse la liste des besoins immédiats , le drame se mesure alors dans toute sa gravité , l' accablement et le désespoir menacent et l' aide des autres devient essentielle . Que faire ? Vers qui se tourner quand on est sans nouvelles d' un proche , d' un voisin , lorsqu' on n' a plus de toit , plus rien pour s' habiller , faire la cuisine , se déplacer ... C' est bien dans la solidarité que se révèle l' humanité d' une civilisation . Et à cet égard , l' engagement de tous les services publics non seulement pour porter secours , mais rétablir les voies de communication , les voies ferrées , l' eau potable , l' électricité , s' avère une fois encore incontournable pour réorganiser la vie collective , aider à restructurer le quotidien de chacun . Saura -t-on s' en souvenir , donner à ces services d' exception , les moyens d' agir où il faut et au moment où il faut ? Le premier ministre s' est rendu hier dans un petit village du Gard afin d' y témoigner de " l' émotion et de la solidarité nationales " . Puissent ces paroles être suivies d' effets durables . Chacun devine qu' à l' échelle des immenses dégâts causés aux biens , aux infrastructures et aux entreprises des trois départements principalement touchés , Gard , Vaucluse et Hérault , l' enveloppe annoncée de 10 millions d' euros d' aide d' urgence ne constitue qu' un symbole ... Les Français , à n' en pas douter , seront généreux . Et pour sa part , notre journal , ses lecteurs , ils l' ont montré en chaque circonstance , vont faire tout ce qu' ils peuvent pour atténuer les souffrances de ceux qui sont dans l' épreuve . Dès ce week-end le public de la Fête de l' Humanité et les lecteurs de notre journal pourront participer à des collectes organisées en coopération avec le Secours populaire français . Enfin , même s' il est trop tôt pour y répondre , rien n' interdit de poser quelques questions . Elles sont d' ailleurs dans beaucoup de têtes . Phénomène de fin d' été , les orages cévenols sont inévitables nous rappellent les spécialistes de la météo . Certes , mais notre pays n' en est plus à sa première tempête . On est en droit de penser que l' effet de serre n' améliore pas les choses . Des moyens à long terme ont été définis . Va -t-on continuer de tergiverser pour engager une action réelle au plan international ? Quant aux conséquences des dérèglements météorologiques , personne ne conteste qu' elles sont considérablement amplifiées par une urbanisation anarchique et spéculative , par l' imperméabilisation excessive des sols , et l' uniformisation du paysage résultant de l' agriculture productiviste : dira -t-on qu' on ne veut rien y faire ?