_: Bousculer le scénario . CHAPO ( Il est sûr qu' on nourrit , dans certains cercles politiciens , l' espoir de boucher à tout jamais toute perspective de changements progressistes . ) Un vent mauvais d' américanisation souffle sur la campagne présidentielle . Celle -ci est ultra-personnalisée autour des deux têtes de l' exécutif . Ils prétendent pouvoir seuls être au second tour . Pourtant , les intentions de vote sur leurs noms rassemblent à peine 15 % des inscrits . Cela ne les empêche pas d' avoir disposé de six heures d' antenne chacun ces derniers temps , pendant que Robert Hue n' a eu accès aux médias audiovisuels que durant 30 minutes . Le débat d' idées s' approche du vide sidéral . En revanche , on nous parle abondamment du caractère , de l' âge , de l' image de l' un et de l' autre . Les épouses sont mises sur le devant de la scène pour ramasser des voix . Et pour agrémenter le tout , le tombereau d' ordures des affaires fait office de débat politique . Il est insupportable et révoltant que notre peuple soit ainsi privé du débat démocratique , de l' information sur la pluralité des candidatures auquel il a droit . Cette bipolarisation outrancière cache en fait un accord de fond sur l' idée de la nécessaire " adaptation " de la société française au nouveau capitalisme financier qui déferle sur le monde . Il est d' ailleurs frappant de voir ces deux têtes de l' exécutif s' accuser de " plagiat " . Cela se comprend dès lors qu' ils considèrent que le seul enjeu pour eux est d' accéder ou de garder le pouvoir , y compris par défaut . A partir de l' idée qu' on ne pourrait gagner qu' au centre , ils restent le plus vague possible sur leurs projets d' avenir pour garder les mains libres , afin de tenter de contourner les aspirations populaires . C' est aussi pour cela que le premier tour est à ce point escamoté de manière inadmissible . D' ailleurs , de Chirac à Chevènement , de Jospin à Mamère , un même virus frappe : celui des baisses des charges sociales des entreprises , de l' assouplissement des 35 heures , de la diminution des impôts pour les riches , de l' ouverture des secteurs publics à la concurrence , de la réforme négative des retraites , de l' adaptation de l' Europe à la mondialisation libérale . Autant de recettes qui ont déjà fait faillite . En vérité , la tentative de déplacer le curseur de la vie politique vers le centre et la droite conduirait , comme aux États-Unis , à des changements de président , seulement voués à appliquer des variantes d' une même politique . Cela ne peut pas réjouir l' électorat de gauche , qui aspire à ce qu' enfin on s' attaque à la toute-puissance des marchés financiers et qu' on démocratise en profondeur la société . Il est sûr qu' on nourrit dans certains cercles politiciens l' espoir de boucher à tout jamais toute perspective de changements progressistes . Considèrent -ils que ce moment est venu ? Sans doute si l' on en juge par la minoration à outrance de la campagne communiste et des propositions de Robert Hue . Tous savent que ce qui empêcherait le glissement de la gauche vers les thèses de Blair ou de Schröder , c' est un bon résultat du candidat communiste . A contrario , une gauche sans Parti communiste suffisamment influent ne répond jamais aux aspirations du peuple et ouvre toujours la porte au retour de la droite , parfois la plus extrême , comme en Italie , en Autriche ou au Danemark . Tous ceux qui veulent que leur vote compte le 21 avril doivent beaucoup y réfléchir . Et il est aussi nécessaire de ne pas laisser détourner des votes : soit en les stérilisant dans l' abstention , ce qui en fait reviendrait à laisser le pouvoir aux tenants des thèses libérales ; soit en les poussant à donner un coup d' épée dans l' eau avec des votes baptisés de " protestation " mais qui en fait maintiennent le système en l' état comme on l' a vu avec Lutte Ouvrière lorsqu' il s' agissait d' empêcher le vote du traité de Maastricht ou d' engager des initiatives afin d' appliquer une taxe Tobin . Dans ces conditions , seule une montée des voix en faveur de Robert Hue peut rendre possible une perspective réelle de changement . C' est le vote le plus radicalement contestataire en actes du capitalisme . C' est aussi le vote pour bâtir un autre avenir de gauche . Il bousculera tous les scénarios préétablis .