_: Tenue de camouflage La réforme de la politique agricole commune présentée comme répondant à des soucis écologiques n' est qu' un trompe -l'oeil Ranz Fischler , commissaire européen à l' Agriculture , peut se targuer d' une belle réussite médiatique pour sa présentation du projet européen de réforme de la politique agricole commune ( PAC ) , mercredi dernier . Pensez donc , les paysans vont enfin devoir produire plus propre , moins mais mieux , privilégier le confort des animaux et la sécurité sanitaire des aliments . Avec un bel enthousiasme , les chaînes de télés , maintes radios et de nombreux journaux ont salué l' arrivée de cette agriculture nouvelle qui remplira nos assiettes de produits sûrs à des prix défiant toute concurrence . Qu' en est -il réellement ? Quiconque possède quelques notions d' agronomie complétées par une attention quotidienne portée sur la dimension économique des dossiers agricoles aura vite repéré la tenue de camouflage derrière le costume vert du commissaire Fischler . Passons sur les nouvelles baisses de prix curieusement présentées comme un passage obligé pour produire de la qualité . Notons cependant que le prix de revient des produits de qualité est largement supérieur à celui des denrées standards . Relevons ensuite que les segments de la production agricole les plus néfastes pour l' environnement ne sont pas directement concernés par la réforme , ou si peu . C' est notamment le cas des élevages de volailles et porcs en hors sol . C' est également vrai pour la production laitière intensive , laquelle abuse souvent des engrais azotés sur les prairies et les champs de maïs fourrager . En revanche , les aides européennes conçues de manière intelligente pour favoriser les productions d' oléagineux sont condamnées à disparaître dans ce projet de réforme au profit d' une prime globale annuelle calculée d' après l' aide moyenne allouée à chaque exploitation ces trois dernières années . Avec , désormais , la liberté totale pour l' exploitant de choisir ses productions à venir , néfastes ou pas pour l' environnement . Voilà qui n' est guère écologique . La même remarque vaut pour les élevages de bovins à viande et pour les ovins . Ces exploitations herbagères , souvent situées en zone difficile , bénéficiaient jusqu'à présent d' aides spécifiques en contrepartie de leur rôle dans l' aménagement du territoire et de leur chargement modeste en animaux de boucherie . Elles respectaient l' environnement comme le confort des animaux et produisaient de la qualité . La prime moyenne proposée dans le plan Fischler remet en cause cette manière de produire puisque l' exploitant pourra , là encore , changer du tout au tout sa façon de faire et sa production . Franz Fischler est agronome de formation et l' incohérence de ce projet de réforme porteur de déséquilibres économiques et écologiques n' a pu lui échapper . Cette réforme obéit donc à d' autres motifs . Lesquels ? La réponse est venue du siège de l' Organisation mondiale du commerce à Genève . " Enfin , ce n' est pas trop tôt ! " s' y est -on exclamé . Voilà longtemps que l' on espère là-bas se servir des paysans européens comme monnaie d' échange dans la grande foire mondialisée de l' affairisme . Nos agriculteurs ne méritent pas cela et le consommateur est également concerné .