_: Le gouvernement reste froid ( La montre gouvernementale retarde dès qu' il s' agit d' autre chose que les consignes du MEDEF . ) Les situations de crise sont toujours révélatrices . De l' aptitude ou de l' incapacité au problème . Face à la canicule , le gouvernement ne manifeste aucune fébrilité . Ça le laisse froid ... Tout juste avait -il convoqué une réunion pour pallier les menaces de pénurie d' électricité , susceptible d' affecter la marche des entreprises . Mais pour ce qui concerne la santé publique , rideau . Et pourtant , le bilan humain des fortes chaleurs s' alourdit terriblement . Les Pompes funèbres générales constatent une augmentation de 20 % du nombre des décès la semaine dernière et les mises en bière ont même augmenté de 50 % en Île-de-France . Les morgues et les funérariums sont surchargés . " En quatre jours , il y a eu pratiquement , sur la région parisienne , une cinquantaine de morts dues à la chaleur " , a déclaré le docteur Pelloux , responsable du service des urgences de l' hôpital Saint-Antoine ( Paris ) et président de l' Association des médecins urgentistes hospitaliers de France . Et il met en cause la gestion " scandaleuse " du ministère de la Santé qui continue à dire qu' il ne se passe rien . Jean-François Mattei aura reçu , devant la polémique qui enfle , le secours de Bernard Kouchner qui a affirmé qu' on " se trompe " si on croit que le gouvernement " va changer la température " . Après avoir ainsi découvert la lune ou le soleil , l' ancien ministre , porte-parole de l' aile droitière du PS , rafraîchit le précepte offert à Michelin - " l' État ne peut pas tout " - sous la forme de cette indignation : " Qu' est -ce que c' est que cette société où on se tourne vers le gouvernement quand il fait chaud ou quand il fait froid ? " Si des infirmières et des aides-soignantes se tournent vers le gouvernement , c' est qu' elles sont trop peu nombreuses pour étendre de linges humides sur les personnes âgées menacées de déshydratation , passer dans les chambres avec des brumisateurs , placer des perfusions . Et qu' elles voient , notamment dans les services de gérontologie , mourir des patients . Si des médecins s' indignent c' est que , plus encore que les autres années , on a fermé durant l' été des milliers de lits d' hôpital et qu' ils voient des malades stationner dans le couloir faute de place . Si des citoyens s' indignent , c' est qu' un ministre - lui-même au fait des conséquences tragiques de canicules dont on a eu l' exemple il y a quelques années à Chicago - n' a pas alerté l' opinion , ni mis sur pied de plan pour répondre à l' urgence . La préparation de la réforme par laquelle il doit mettre en cause cet automne la Sécurité sociale absorbe peut-être toute son attention ... RAS , disait -on , il y a quelques jours , avenue de Ségur . Mais hier Assistance publique-Hôpitaux de Paris et l' Agence régionale d' hospitalisation d' Île-de-France réunissaient une " cellule de crise " . Jean-François Copé peut toujours dire que " l' heure n' est vraiment pas à la polémique " mais à l' action " sur le terrain " , le problème c' est que la montre gouvernementale retarde dès qu' il s' agit d' autre chose que les consignes du MEDEF . Concernant les intermittents , il fallait à tout prix , sans délai et sans trêve , ratifier le mauvais accord inspiré par Ernest-Antoine Seillière . Mais s' agissant de donner aux pompiers les moyens de combattre les incendies que la sécheresse annonçait depuis des semaines , concernant les mesures pour sauvegarder les élevages et les agriculteurs , et de la santé des personnes âgées et des nourrissons ... rien ne pressait . Les situations de crise , effectivement sont révélatrices .