_: Les espoirs de Florence . ( Pour se reproduire , le capitalisme a besoin de créer un état de guerre et d' insécurité permanent . ) Dans un paysage général marqué par certaines formes de crise de la politique , de reflux des idées progressistes et une montée des populismes et de l' extrême droite en Europe , le Forum social européen ( FSE ) et la puissante manifestation de samedi dernier à Florence sont réconfortants . Curieusement - mais cela est peut-être dans l' ordre des choses - mise à part l' Humanité , peu de journaux y ont consacré la place qu' ils méritaient . Florence a rassemblé une foule jeune , plurielle , attentive , studieuse , venue de tous les pays européens . Les militants communistes , au premier rang desquels Marie-George Buffet et Robert Hue , y étaient naturellement immergés . Ce mouvement , même s' il est traversé de courants différents et de contradictions , est producteur d' idées neuves pour la transformation sociale , producteur de politique au sens le plus élevé du terme . Il s' unit sur l' essentiel : rechercher les voies permettant de construire un autre avenir , un autre monde de solidarité , de liberté , de fraternité , d' égalité et de paix . Il symbolise les aspirations grandissantes à construire tous ensemble une Europe sociale solidaire et pacifique , active dans l' opposition au capitalisme mondialisé et à l' hégémonisme nord-américain . Autant d' aspirations éloignées des injonctions édictées par la Banque centrale européenne , loin aussi des petits relents haineux crachés contre le peuple turc par Giscard d' Estaing en fin de semaine dernière . Le FSE aura mêlé dans un même mouvement le refus de la guerre et la contestation des politiques capitalistes qui deviennent des éléments fondamentaux de la confrontation politique à l' échelle planétaire . Pour se reproduire , tout en limitant les contestations sur les déchirures humaines et écologiques qu' il produit , le capitalisme a besoin de créer un état de guerre et d' insécurité permanent . L' action pour la paix et la sécurité devient dans ces conditions un combat contre ce système . Les mouvements de menton et les bruits de bottes que fait entendre l' administration nord-américaine depuis le vote de la résolution à l' ONU n' ont pas grand-chose à voir avec la volonté de démocratiser le régime irakien ni même de le désarmer . Il s' agit d' un enjeu géopolitique majeur pour l' impérialisme américain : s' implanter durablement dans cette région , mettre la main sur les réserves pétrolières pour accroître encore son hégémonie sur le monde entier . Ce premier mouvement du vingt et unième siècle né à Seattle , poursuivi à Porto Alegre , Nice et Gênes , continue d' évoluer . Loin de se considérer comme une fin en soi , il se constitue en un levier pour peser sur le cours des choses avec déjà des succès . En retardant l' ouverture des discussions à l' Organisation mondiale du commerce , il a accentué la contradiction entre la recherche du profit , les droits humains et l' écologie . C' est lui aussi qui a empêché la commercialisation par Monsanto d' une graine transgénique stérile , et mis en échec l' accord multilatéral sur les investissements . On peut considérer que les arrogantes visées militaires de Bush ont été jusque -là entravées parce que plusieurs gouvernements européens ont dû tenir compte des mobilisations de leurs opinions publiques . Il est indispensable maintenant de les amplifier pour défendre la paix menacée . La question de la traduction politique , c' est-à-dire des moyens de l' exercice du pouvoir par les forces de transformation sociale sous le contrôle des citoyens , est déjà posée . L' élargissement de la contestation des logiques capitalistes est une donnée très positive . Mais elle risque d' être stérile si elle ne trouve pas de traduction politique permettant de dépasser le capitalisme . C' est l' enjeu des débats à gauche en France comme en Italie .