_: Arène électorale ( La colère froide de Jacques Chirac était électoralement très motivée . Attention à ne pas transformer le Stade de France en arène électorale ) Enceinte mythique depuis la victoire des Bleus lors de la finale de la Coupe du monde en 1998 , le Stade de France est -il en train de devenir la caisse de résonance du mal-être qu' éprouve notre pays ? Pour la troisième fois en quelques mois , des sifflets viennent d' y gâcher la fête du football . Le match France-Algérie en avait été la première victime , Christian Karembeu la deuxième . Samedi soir , c' était au tour de la finale de la Coupe de France . A chaque fois , l' hymne national se retrouve sur la sellette , et désormais la polémique enfle . Plus même , depuis samedi et la colère froide et électoralement très motivée du président de la République , ces incidents ont pris valeur de symbole dans le débat national . Quoi que l' on pense de ces incidents , qu' on les juge réellement inquiétants ou exagérément dramatisés , force est de constater qu' ils nous parlent de la République et du peuple , du malaise comme des tiraillements qui les parcourent . Les motivations de ceux qui sifflaient étaient certes fort différentes dans les trois cas , il n' en reste pas moins qu' à chaque fois elles nous paraissent condamnables . Dans le premier cas , elles ont gâché une fête qui devait être celle de la fraternité entre deux peuples ; dans le deuxième cas , elles visaient lâchement et honteusement un joueur d' origine néo-calédonienne , que Le Pen avait fustigé en 1998 , en parlant ( déjà ! ) de cette équipe de France qui ne savait pas chanter la Marseillaise ; dans le dernier cas , la revendication identitaire a semblé se confondre avec le rejet de la République . Nous vivons certes une époque qui appelle des évolutions de la République , mais ces manifestations n' indiquent sûrement pas la direction à suivre , au contraire . Le monde du football est lui-même interpellé . Les stades sont des plaques sensibles , a fortiori quand les événements qui s' y déroulent sont médiatisés et chargés de symboles à outrance . Les valeurs de fraternité , de tolérance , de respect mutuel , qui sont à la racine de l' éthique sportive , doivent être partout défendues , du plus petit des stades au plus grand . Il faut en même temps raison garder . Les sifflets entendus au Stade de France ne sont pas la France . Comme on l' a vu entre les deux tours de l' élection présidentielle , comme on l' a entendu dans la bouche des joueurs de l' équipe de France , ni la jeunesse ni l' esprit de 1998 n' ont disparu . Notre peuple sait mêler le bleu-blanc-rouge au black-blanc-beur , il a su brandir le drapeau tricolore dans les manifestations anti-Le Pen du 1er Mai , il sait mieux qu' on ne le croit manier cultures régionales , attachement à la République et citoyenneté du monde . Le peuple de France n' aspire pas à bazarder les valeurs républicaines , mais demande que soient conjuguées dans les actes et , pas seulement dans les mots , les valeurs de liberté , d' égalité et de fraternité . Ne nous trompons pas , face aux inégalités qui la font souffrir , aux fractures qui la divisent , la France , dans son écrasante majorité , ne demande pas du repli mais plutôt davantage d' audace républicaine . Devant les risques que courait la démocratie après les résultats du premier tour , notre peuple a réagi avec force et dignité . Les plus hauts responsables de l' État ont le devoir d' en faire autant , en faisant entrer la République dans une nouvelle époque . Ce défi ne sera sûrement pas relevé à coups de menton , devant les caméras de télévision . La motivation électorale du geste de Jacques Chirac n' a échappé à personne . Attention à ne pas transformer le Stade de France en arène électorale . Surtout après avoir transformé la campagne électorale en jeux du cirque avec les brillants résultats que l' on sait .