_: Dans le viseur ( Si Jean-Pierre Raffarin s' entend à passer de la pommade avant le 9 juin , il est à craindre qu' ensuite ce soit pour panser les bleus . ) " Je veux que les jeunes sentent qu' on leur tend la main " , a déclaré , samedi , Jean-Pierre Raffarin . Mais au bout de cette main , il y a un Flash-Ball , un de ces engins tirant des balles caoutchouc , que le premier ministre braque sur la banlieue . Luc Ferry en a rajouté une louche : " C' est la tolérance zéro-zéro , nous serons féroces . " La " férocité " singulier modèle proposé aux jeunes par un ministre de l' Éducation ! Tout à son ordre de mission , fixé par le président de la République , le Gouvernement prépare les élections législatives par une surenchère sécuritaire , celle -là même dans laquelle le Front national baigne comme un poisson dans l' eau . Il s' agit donc de faire spectaculaire . Pas forcément efficace , comme le souligne des syndicats de policiers à propos de l' emploi de ces nouvelles armes . Là où il faudrait isoler les caïds du crime et de la drogue , pourchasser les trafiquants d' armes , soutenir les habitants et leurs associations qui agissent pour mieux vivre ensemble , dégager l' horizon des jeunes entravés par le chômage et la précarité , bref là où il faudrait une ambition sociale , Nicolas Sarkozy répond en mettant tout le monde dans le même sac , celui des " cités difficiles et dangereuses " sur lesquelles sont pointées les armes . Si Jean-Pierre Raffarin s' entend à passer de la pommade avant le 9 juin , il est craindre qu' ensuite ce soit pour panser les bleus . Cette méthode , le premier ministre l' emploie également en matière sociale . Alors que les syndicats déploraient que Lionel Jospin ait autant négligé le dialogue social , son successeur a reçu les confédérations , vendredi . Bel effort , mais pour quoi ? Avant même d' avoir entendu Bernard Thibault , Nicole Notat ou Marc Blondel , le Gouvernement avait annoncé la baisse de l' impôt sur le revenu et son corollaire implicite , la diminution des dépenses publiques , ou bien encore " l' assouplissement " des 35 heures . Concernant la " souplesse " , le nouveau ministre des Affaires sociales n' a pas tardé à en livrer sa définition en prônant le report de la réduction du temps de travail dans les hôpitaux . Derrière les rondeurs de chattemite de Jean-Pierre Raffarin , un programme ultralibéral piaffe dans les starting-blocks . L' onction que le président du MEDEF , Ernest-Antoine Seillière , a conféré au nouveau gouvernement en est une sorte de proclamation . La droite traîne à sa suite une série de wagons dévastateurs : la casse de la protection sociale , la mise en cause des retraites , des privatisations , l' expansion de l' insécurité économique et sociale . C' est pour ce programme qu' elle réclame les pleins pouvoirs lors des élections législatives . Si elle les obtenait , elle ne tarderait pas à agir , satisfaisant ici le patronat , cédant là aux pressions d' une extrême droite menaçante . D' autant que l' UMP est bien moins étanche au Front national que la fermeté de Jacques Chirac entre les tours de la présidentielle ne le laissait croire . l' Express et le Figaro ne viennent -ils pas de rapporter que le président de la région Bourgogne , Jean-Pierre Soisson , avait appelé Le Pen pour le féliciter au soir du 21 avril ? Cela ne lui interdit nullement le parrainage du parti présidentiel pour briguer un siège de député dans l' Yonne ... Dans le même mouvement où il faut reconstruire la gauche pour offrir une alternative franchement à gauche , dégagée des ornières d' un social libéralisme qui a désespéré l' électorat populaire , il convient donc de battre la droite le 9 juin et de barrer l' entrée de l' Assemblée aux amis de le Pen .