_: La guerre de l' emploi est déclarée ( Après le coup fatal porté aux 35 heures , Raffarin s' attaque avec brutalité à la loi de modernisation sociale . ) Il faut prendre conscience de la réalité : le paysage social français vit des jours tragiques . Chaque jour qui passe , chaque semaine , chaque mois , s' installe un peu plus la honte d' une économie libérale poussant ses feux jusqu'à l' extrême limite d' une logique infernale . Après le coup fatal porté aux 35 heures et au temps de travail en général , Jean-Pierre Raffarin s' attaque avec brutalité à la loi dite de modernisation sociale . Le premier ministre semble avoir " tranché " dans le vif : du texte voté par la gauche plurielle grâce à l' action des salariés et sous la pression des députés communistes , il ne restera bientôt plus rien . Personne n' a oublié la mobilisation sans précédent du patronat dont le point d' orgue fut , en octobre 2001 , le " manifeste " signé par cinquante-six chefs d' entreprise . Que disaient en substance ces penseurs modernes de l' économie ? " Laissez -nous licencier en paix ! " Tous exigeaient le retrait de certaines dispositions introduites dans la loi , qui , à leurs yeux , contredisent ce qu' ils considèrent comme la " compétitivité des entreprises " ... Un an plus tard quasiment jour pour jour , triste anniversaire : le gouvernement non seulement leur donne raison , mais il va accentuer encore le mouvement avec comme but ultime de le rendre inéluctable . Cet alignement systématique sur les thèses du MEDEF est d' autant plus insupportable qu' il s' accompagne d' une hypocrisie sans borne . Le projet de loi suspendant de nombreux articles de la loi sera présenté prochainement aux partenaires . Raffarin " propose " aux syndicats de négocier avec le patronat les conséquences de cet énième recul social , manière de les rendre coresponsables de sa politique . Sournoise hypocrisie encore quand il nomme un " monsieur prévention des plans sociaux " alors qu' il taille en pièces des dispositions insuffisantes certes , mais qui constituaient quelques points d' appui pour combattre les plans sociaux . Pour les salariés qui pouvaient encore en avoir , les illusions tombent les unes après les autres . D' autant que le contexte ne prête guère à l' optimisme . En quelques semaines , la carte de France des plans sociaux s' est pour le moins couverte de points noirs , partout , dans toutes les régions , dans tous les départements . Qu' on ne s' y trompe pas , la guerre de l' emploi est déclarée et nombreux encore sont les projets , soigneusement bouclés dans les bureaux des directeurs des " ressources humaines " . Aiguillonné par les grands actionnaires qui exigent une rentabilité toujours plus forte , le patronat veut saisir l' occasion de la chute de la croissance pour sabrer dans les effectifs et pousser le gouvernement à frapper encore plus vite , toujours plus fort , pour profiter de cette " fenêtre de tir " . Le cynisme n' est pas même plus masqué . Inventé par le MEDEF , c' est le gouvernement qui met en place , pierre par pierre , la " refondation sociale " du baron Seillière en faisant sauter tous les verrous restrictifs , en donnant quitus à un nouvel écrasement des coûts salariaux , en allongeant le temps de travail au-delà même des 40 heures hebdomadaires , et , de plus en plus clairement , en posant les jalons d' un démantèlement plus vaste encore du droit du travail . Tout le pouvoir aux patrons ? Le temps de la riposte a sonné car , franchement , ceux qui pensent qu' une simple vigilance est suffisante ont tort : Jean-Pierre Raffarin a aussi placé dans son viseur le RMI , le droit de grève dans les services publics , l' impôt sur les grandes fortunes , etc. Une longue et funeste liste . La " refondation sociale " de la droite-MEDEF n' est qu' une étape - mais quelle étape ! - vers une déstructuration sociale de la société française .