_: Bush trépigne mais ... ( Si Bush doit finalement admettre qu' il ne peut jeter illico l' armada de ses porte-avions et de ses bombardiers sur le Moyen-Orient , il le fera la rage au coeur . ) " À ce jour , personne n' a apporté la preuve formelle que l' Irak possède des armes de destruction massive . Et , malgré ses affirmations , je ne suis pas sûr que Bush ait les moyens de le faire . " C' est un officiel américain qui le reconnaît , Kelly Motz , spécialiste de Bagdad au Wisconsin Projet on Nuclear Arms Control de Washington . Cette nuit pourtant , il y a fort à parier que , dans son discours sur l' état de l' Union , George W. Bush plaidera encore et encore pour la guerre . Mais sans doute devra -t-il encore patienter . Le rapport des experts de l' ONU ne lui donnera sans doute pas les prétextes pour déclencher le feu de son armada et apportera plutôt de l' eau au moulin de ceux qui jugent qu' il est urgent d' attendre . Parmi ces derniers , les Nations unies qui veulent approfondir les inspections pour lever les doutes ou produire les preuves et de pays comme la France ou l' Allemagne qui constatent que les inspections actuelles suffisent à bloquer tout réarmement de l' Irak , en épargnant les horreurs d' un conflit . Même Tony Blair a introduit quelques modulations à la voix de son maître en admettant une prolongation de " quelques semaines " de la mission des experts internationaux . Si Bush doit finalement admettre qu' il ne peut jeter illico l' armada de ses porte-avions et de ses bombardiers sur le Moyen-Orient , il le fera la rage au coeur . Même Colin Powell , le secrétaire d' État qu' on disait un modéré à la Maison-Blanche , perd ses nerfs comme un banal Donald Rumsfeld , en affirmant que l' histoire " jugera durement ceux qui , ayant vu le danger , n' ont pas agi " . Dénonçant le multilatéralisme comme " un prétexte à l' inaction " , il a ajouté devant le cénacle doré de Davos : " Nous continuerons de préserver notre droit souverain de lancer contre l' Irak une action militaire , seuls ou avec une coalition . " C' est dire ce que l' obtention d' un délai doit au refus des opinions publiques qu' une aventure militaire soit engagée sans l' ONU ou même avec . L' empire américain n' est pas encore parvenu à déchirer la charte fondatrice des Nations unies qui , après la guerre mondiale , a fondé le nouvel ordre pacifique comme un projet de civilisation et n' a pas réduit le Conseil de sécurité à un cabinet notarial voué à enregistrer les fusions , acquisitions ou destructions de la Maison-Blanche . Les jours qui viennent verront se poursuivre un bras de fer planétaire . Le Conseil de sécurité doit examiner mercredi le rapport des inspecteurs et Washington tentera d' imposer une date butoir à leur mission ; vendredi Bush a convoqué Blair à Camp David ; le 14 février nouvelle séance à l' ONU avec les équipes de Blix et de El Baradei ; le 15 manifestations pour la paix dans le monde entier . Ces dernières auront -elles la force nécessaire pour que la communauté internationale garde le courage de résister aux injonctions de la super-puissance ? C' est tout l' enjeu de leur succès . La paix est le moindre des soucis de l' administration américaine et elle qui a produit l' anthrax qui a semé la mort aux États Unis prône une conception originale du désarmement ... Quant aux liens de l' Irak avec al Qaeda , rien ne les atteste pour l' heure . Ne parlons pas non plus pour ces " conservateurs compassionnels " comme ils se nomment d' une quelconque attention aux souffrances du peuple irakien sous la botte de Saddam . Ils sont prêts à noyer Bagdad sous les bombes et à y faire régner une catastrophe humanitaire pire encore que celle qui s' y installa après la guerre du Golfe . Désormais , tout cela se voit . Et c' est bien ce qui gêne les projets d' invasion de Bush . La paix n' a pas perdu la partie .