_: Mourir pour Halliburton ? ( La guerre de Bush est aussi la guerre du capital ) On connaît , depuis le début du dernier siècle , le mot cruel , resté fameux , de l' écrivain Anatole France : " On croit mourir pour la patrie , on meurt pour des industriels . " Il aurait pu s' appliquer , à peine adapté , à la mort du pauvre GI tombé hier dans le sable du désert du côté de Nasiriyya : " On croit mourir pour la liberté , on meurt pour des financiers . " C' est que le capital n' a pas d' âme ; il se gave de tout ; la guerre , la mort et les ruines font clignoter ses comptes à la hausse ; et il exige paiement comptant . C' est ainsi que quelques grands seigneurs du business américain , qui avaient généreusement financé la campagne électorale de George W. Bush et introduit certains de leurs propres dirigeants dans le cercle le plus haut du pouvoir , attendaient le renvoi d' ascenseur . C' est fait : la Maison-Blanche a désigné une poignée d' entreprises censées se répartir l' énorme pactole de la " reconstruction " de l' Irak . Ce sont les mêmes : géants du pétrole , du bâtiment , de l' électronique , des transports ... C' est ce que l' on appelle dans ce monde -là le " retour sur investissement " : George W. Bush leur offre le " chantier " où , pour le moment , on patauge dans une mare de sang . Évidemment , on ne doute pas une seconde que les indices de ces " affaires " à la Bourse de Wall Street vont grimper à la mesure du niveau des destructions et du nombre des cadavres sur la terre irakienne . Une mention particulière doit d' ailleurs être accordée à M. Dick Cheney : il est vice-président des États-Unis , après avoir été le PDG de Halliburton . Eh bien , Halliburton est promis à un gros contrat sur les champs pétrolifères . On n' est jamais si bien servi que par soi-même ... Mais au fait qui va payer ? Un des plus proches conseillers de George W. Bush , M. Richard Perle , dont on dit que le cerveau légèrement fascistoïde est capable de ramener les problèmes les plus complexes aux idées les plus simples , lui , le sait : " Pourquoi les Irakiens ne financeraient -ils pas leur reconstruction ? Après tout c' est leur pays . " On tue , ils payent , je profite ... Décidément ce n' est pas seulement la guerre du Pentagone : c' est aussi la guerre du capital . D' ailleurs M. Colin Powell a aussi des idées simples : l' Amérique gouvernerait l' Irak , et l' ONU financerait la catastrophe humanitaire créée par l' Amérique . L' Amérique fondrait sur les puits de pétrole et déléguerait les soucis de nourriture aux autres . C' est la conception que se font ces gens -là de la lutte pour le Bien ... Quant au coût de la guerre , il donne le vertige : le chef des États-Unis a réclamé 75 milliards de dollars pour la financer . Mais ce n' est qu' une base de départ : selon son intensité et sa durée , que personne n' est aujourd'hui capable d' imaginer , ce prix pourrait atteindre des sommes colossales , proches de 300 milliards de dollars ou même plus ... Autrement dit , au moins l' équivalent du budget de l' État français , la quatrième puissance du monde ... Il y a des gâchis qui donnent la nausée . Un avion de chasse F 16 représente le prix de 80 millions de manuels scolaires de base pour l' apprentissage de la lecture : un enfant sur deux dans le monde n' en dispose pas . 180 millions n' ont pas d' école à leur disposition : il suffirait de 6 milliards de dollars pour qu' ils en aient une . Un homme sur trois sur la planète n' est pas équipé d' un simple robinet où coule de l' eau potable : combien de mètres cubes d' eau saine représentent les 600 missiles de croisière et les 4 300 bombes guidées larguées sur l' Irak au cours de 4 000 sorties aériennes ? Le gang de Washington ne répondra pas à cette question : parce qu' au bout du compte , par tous les canaux , financiers , bancaires , commerciaux , boursiers , etc. , dont il dispose , l' impérialisme va faire payer la facture de sa guerre par le reste du monde . Même le plus misérable . Les désastres de cette guerre sont infinis .