_: Du climat social Les méthodes du gouvernement ne parviennent plus à masquer le fond de ses projets : une casse sans précédent . Retraites , assurance maladie , emploi , temps de travail , services publics , privatisations ... Jean-Pierre Raffarin pouvait bien se vanter , ces derniers temps , d' avoir mis le feu à la France sans provoquer de " véritable incendie " , il lui faudra peut-être revoir ses prévisions et rapidement remiser son arrogance pataude . Comme le lui ont rapporté récemment ses conseillers à Matignon : " Les Français , apparemment en sommeil , sont en train de se réveiller ! " Un mois plus tôt , le même Raffarin recevait une note alarmante d' un certain Jean-Louis Debré . Et que disait le président de l' Assemblée nationale ? Que dans les circonscriptions détenues par l' UMP ( ce sont les députés concernés qui s' en plaignent ! ) , l' inquiétude grandit concernant la politique économique et sociale du gouvernement . Feu ? Incendie ? L' étincelle n' est pas loin . Posons ainsi la question : le climat change -t-il ? Ou plus exactement : peut -il changer profondément ? En la matière , certes , il convient non seulement de ne pas s' emballer , mais , surtout , de rester ( très ) prudent . L' intervention télévisée de François Fillon , jeudi soir , qui a enfin dévoilé les vraies intentions du pouvoir concernant les retraites , a une nouvelle fois démontré que le ministre des Affaires sociales cherchait à incarner une méthode de communication assez opposée à celle d' Alain Juppé en 1995 . Seulement voilà , même en tentant de " jouer " l' opinion contre les syndicats ou certaines " corporations " , les mots restent terribles et la forme ne masque plus le fond des projets . Les choses sont désormais claires et ce qu' on nous prépare est bel et bien l' esquisse d' une régression sans précédent mariant l' allongement de la durée de cotisation à une baisse de 20 à 30 % des pensions ! Les Français ouvrent les yeux . Après des mois de " raffarinades " et de propos biaisés , d' hypocrisies sans borne et de non-dits honteux , le gouvernement est désormais , si l' on peut dire , comme confronté à la vérité crue de sa propre politique : elle est de droite et de classe , néo-conservatrice et ultralibérale . Et le premier ministre , qui aime par-dessus tout ce que pensent les Français , puisqu' une bonne part de son action s' en inspire directement , craint ses propres échéances . Malgré les outils du pouvoir dont il dispose sans partage , sa base politique n' en est pas moins friable . Tous les sondages le mettent en évidence : le grand spectacle sécuritaire de M. Sarkozy a atteint ses limites et la cote de popularité de Jacques Chirac est revenue à son niveau d' avant la guerre . Rien d' étonnant . Il ne se passe pas un jour sans que ne soit révélé un dispositif adopté souvent en douce et qui touche profondément aux structures de la société elle-même . Alors ? À quelques heures du 1er Mai et à quelques jours de la journée d' actions du 13 mai , rien ne garantit qu' une majorité de citoyens soit prête à jeter à la casse ces droits sociaux jugés " archaïques " et durement conquis , que l' on finirait par faire passer pour des revendications subversives - un comble . Rien n' autorise non plus une représentation ultralibérale à violer délibérément l' essentiel du pacte républicain sous couvert de réformes , avec l' appui inconditionnel du MEDEF , d' un côté , et la pression des " marchés " , de l' autre ! Car cette démolition historique n' a d' autre justification que de satisfaire aux exigences du lobby patronal et , au final , d' aligner la France - vieille nation riche de son patrimoine social - sur les pays les moins-disant pour l' intégrer à la politique de mondialisation forcée que le capitalisme s' emploie à imposer partout . Chaque jour un peu mieux , les Français comprennent la brutalité du gouvernement actuel . Le mois de mai sera décisif pour empêcher ce que la droite parlementaire appelle " d' inexorables réformes " . Autrement dit une casse généralisée . Plus qu' un changement de climat , souhaitons un réveil de l' opinion . Un vrai .