_: Non , Yasser Arafat n' est pas seul ! La communauté internationale a -t-elle pris conscience que la vie d' Arafat était bel et bien menacée ? Une nuit sans étoile , sans sommeil , et pourtant douce . Des jours qui glissent entre les doigts , presque hors du temps , comme en suspension . Et des heures , à la lueur des lanternes , qui comptent pour l' histoire ... On a peine à imaginer le vieil homme malade , reclus , insoumis , les lèvres tremblantes d' avoir trop croché dans le désastre et l' incertitude du lendemain , l' oeil hagard mais les idées fermes , avec , autour de lui , quelques proches encore vivants dans une résidence en ruine cernées de cadavres et de fantômes . Yasser Arafat est là , traqué mais intense , prêt au sacrifice , dans quelque pièce-chambre-bureau de ce qui reste de la Mouqata , braqué par les chars israéliens dans un paysage dévasté . Le président palestinien est là dans ce quartier général transformé en réduit exsangue tenant encore debout par sa seule volonté . L' eau , l' électricité et le téléphone s' en vont s' en viennent au bon loisir de l' occupant . Mais l' occupé-résistant est là et il travaille , écrit beaucoup . Il n' est d' engagement que de traces et Yasser Arafat , homme-symbole d' un peuple , définit au-delà de lui-même une ligne d' horizon non pour refléter passivement sa situation , mais pour la dépasser vers l' avenir . La communauté internationale , en effet , a -t-elle pris conscience que la vie du dirigeant palestinien était bel et bien menacée , qu' un macabre compte à rebours s' était enclenché et qu' une vision d' horreur - le meurtre d' Arafat - n' était plus impensable ? Toucher à l' intégrité physique de celui qui incarne la volonté de vivre libre dans un État souverain , ce serait mettre en danger le peuple palestinien tout entier . Ce serait une insulte à l' idée même de paix au Proche-Orient . Depuis une semaine , Ariel Sharon , passant outre les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité de l' ONU et s' appuyant sur les insupportables attentats du Hamas , a franchi une nouvelle étape dans la violation de toutes les règles internationales . Qu' on ne s' y trompe pas . Jamais le premier ministre israélien n' a été aussi prêt d' atteindre son objectif : éliminer Arafat et porter atteinte à l' intégrité d' une autorité politique reconnue dans le monde pour resserrer davantage l' étau qui étouffe et désespère la population palestinienne . Face à semblable désastre , on attend de l' Europe et de la de la France qu' elles n' abandonnent pas Arafat aux obus et aux missiles , et qu' elles lancent , vite , une grande initiative diplomatique . Car du côté américain , Sharon semble avoir les mains libres . Obnubilé par ses projets de guerre en Irak , George W. Bush , qui a réclamé lui aussi l' éviction d' Arafat , laisse faire . Rien de nouveau à cela . Depuis bientôt deux années qu' il est au pouvoir outre-Atlantique , le président des États-Unis s' est gardé de tout interventionnisme au Proche-Orient . Mais ne soyons pas naïfs . Concernant le " géant " américain , qui seul ou presque a le pouvoir d' infléchir les décisions du premier ministre israélien , l' absence de réaction est déjà une décision . Sa discrétion depuis une semaine vaut approbation . Dans ce contexte d' extrême urgence , la grande manifestation qui se déroulera ce samedi à Marseille , à l' appel de dizaines d' organisations , sera un moment de solidarité et d' action pour que la communauté internationale réagisse et constitue , vite , une force internationale de protection du peuple palestinien . Non , Yasser Arafat n' est pas seul dans cette nuit sans étoile .