_: L' inspiration en prison ( Bien décidée à serrer les boulons , la droite affiche aussi l' intention de mettre sous écrou . ) L' un parle " dialogue " ; l' autre ajoute : je dirais même plus , " dialogue " . Nicolas Sarkozy et Jean-Pierre Raffarin ont quelque chose des Dupont et Pondu d' Hergé , ne se quittant guère , se confirmant mot à mot , mais chacun préoccupé d' avoir le dernier . Dans la visite impromptue - mais soigneusement mise au point depuis dix jours - qu' il a rendue ce week-end à la Corse , on ne sait guère ce qui l' emporte pour le premier ministre , de sa volonté d' appuyer son bras droit ou de son souci de ne pas se laisser voler la vedette par un rival ambitieux . De ce voyage au soleil , les Corses ne retiendront guère de nouveautés , sinon les bonnes manières que les nationalistes ont réservées au gouvernement de droite ... Une nouvelle fois , la consultation des habitants de l' île a été oubliée . Et les privatisations de services publics - qui constituent la colonne vertébrale de l' emploi insulaire - n' ont pas été soumises à discussion . La conception du dialogue tant invoqué par le tandem est à géométrie variable ou à voilure réduite . " Réactif , créatif et actif " , voilà comment dépeint pourtant son équipe ce Jean-Pierre Raffarin qu' on disait modeste . Mais ce n' est pas à l' île de Beauté qu' il réserve ses qualités . Les murs des prisons l' inspirent bien mieux . Ceux où il veut parquer des mineurs . Ceux où il entend laisser croupir des syndicalistes traités comme des délinquants . La cellule A2 1132 de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone a pour lui des charmes particuliers . L' homme qui ne peut en sortir n' a pourtant rien d' un braqueur de banques ou un détrousseur de vieilles dames . Il est un des dirigeants d' un syndicat national et une voix , à laquelle bien d' autres sont attentives sur la planète , qui revendique une autre mondialisation . Mais José Bové , condamné pour avoir défendu le droit d' un peuple à ne pas manger le boeuf aux hormones dont les autorités américaines veulent le gaver , n' aura pas bénéficié de l' amnistie présidentielle . Il fallait le réduire au silence . Lui , et d' autres syndicalistes condamnés . Mais cela a échoué . Ce numéro de l' Humanité en est la preuve . Aux côtés du nom de ce leader de la Confédération paysanne , un autre symbole de la criminalisation de l' action syndicale est apparu . Par force ... Alain Hébert , responsable local de la CGT à Cherbourg , s' est vu condamné à six mois de prison , dont un ferme , pour sa participation à une manifestation au cours de laquelle un gendarme aurait pris des coups de poing . Décidément , bien décidée à serrer les boulons , la droite affiche aussi l' intention de mettre sous écrou . On imagine Ernest-Antoine Seillière savourer la vision de syndicalistes entre deux matons . Une satisfaction de plus pour un homme comblé par l' été . François Fillon ne vient -il pas d' annoncer de nouveaux allégements de charges pour le patronat , après les privatisations et les trains de hausses des tarifs publics que ses collègues avaient proclamés ? Il est cependant douteux que cette marche forcée ne se heurte pas à des obstacles croissants . Le 1er août , des milliers de manifestants sont invités à accueillir José Bové à sa sortie de prison . Quant aux amis d' Alain Hébert , qui sont souvent les mêmes que ceux du responsable paysan , ils ne resteront pas les deux pieds dans le même sabot .