_: La conjoncture industrielle est au plus bas Les entreprises détruisent plus d' emplois qu' elles n' en créent . La CGT prépare des assises de l' emploi industriel . L' industrie française est -elle en déclin ? La question brûle toutes les lèvres et s' invite dans la rentrée sociale comme un sujet plus que préoccupant . Selon les chiffres définitifs publiés hier matin par le ministère du Travail , l' industrie a supprimé 24 000 postes au deuxième trimestre , 15 000 concernent les biens intermédiaires ( dont 6 000 dans la métallurgie et la transformation des métaux ) . Les données chiffrées communiquées par l' UNEDIC , à peu près similaires , précisent que près de la moitié des régions françaises enregistrent une baisse de leurs effectifs , notamment la Corse , l' Île-de-France , la Lorraine , le Centre et la Bretagne . Un cap est passé : la France détruit aujourd'hui plus d' emplois qu' elle n' en crée . Dans l' industrie , l' hémorragie se poursuit depuis le printemps 2001 . La fonderie , par exemple , à perdu plus de 50 000 emplois . En trois ans , l' électronique s' est séparé de 60 000 salariés . L' industrie spatiale , qui emploie essentiellement de la main d' oeuvre qualifiée se sépare de 30 % de ses effectifs . Les perspectives s' assombrissent encore quand on sait par exemple que 800 000 salariés , sur les 2 , 5 millions que compte la métallurgie , vont partir en retraites dans les dix ans à venir . La dégradation est suffisamment préoccupante pour que les syndicats tirent la sonnette d' alarme et pressent le gouvernement d' apporter des réponses lors de la présentation de ses pistes pour l' emploi , fin octobre . La CGT a décidé de prendre les devants . La Confédération et la Fédération de la métallurgie , ont présenté hier le programme de leurs assises nationales pour l' emploi industriel , qui auront lieu le 2 octobre prochain , en présence de Bernard Thibault , secrétaire général . " L' économie française est à la croisée des chemins " , a notamment expliqué Jean-Christophe Le Duigou , secrétaire confédéral , responsable du secteur économique . " Il n' existe pas qu' un seul modèle de développement économique . Le gouvernement pourrait privilégier le modèle anglais en ne préservant que quelques niches industrielles hautes gammes . Mais il pourrait aussi considérer qu' une économie de services développée doit s' appuyer sur de la création de richesses " , argumente -t-il . Le décor est planté . " Nous voulons replacer le développement industriel au centre du débat sur l' emploi " , résume Bernard Devert , un des responsables de la Fédération des travailleurs de la métallurgie . Pour ce faire , la CGT se donne deux objectifs lors de ses assises : établir un diagnostic de l' emploi industriel , de ses évolutions , et , à partir de là , soulever toutes les questions qui fâchent . Les entreprises peuvent -elle se développer durablement sans articuler leurs objectifs économiques avec leurs responsabilités sociales ? Les exonérations sociales dont elles bénéficient ( avec 21 milliards d' euros prévu , le budget 2004 s' apprête à entériner un nouveau record ) sont -elles efficaces pour l' emploi ? L' élargissement de l' Europe à 25 pays doit -elle aggraver la mise en concurrence des travailleurs ? Quels nouveaux droits doivent conquérir les salariés pour influer sur les choix stratégiques et les investissements financiers des groupes ? Ne faut -il pas promouvoir les politiques d' emplois à partir des filières professionnelles ( transports , automobile , énergie , etc. ) ? " Même l' UIMM , représentant les patrons de la métallurgie , reconnaît qu' il faut se doter d' une politique industrielle et ne pas s' en remettre au seul marché " , constate Bernard Devert . Jean-Pierre Raffarin , qui ne cesse de répéter que la France est " engagée dans des réformes structurelles " , prêtera -t-il une oreille attentive à toutes celles et ceux qui , d' Alstom , de Metaleurop , d' Aventis , de Matra Automobile , de Pechiney ou de Comilog , dénoncent des stratégies de rentabilité à court terme qui amputent le potentiel industriel de la France , au point aujourd'hui de le mettre en péril ?