_: Retraites . Les voix des électriciens et gaziers de Grenoble Consultation à EDF-GDF , les salariés expliquent leur vote et préparent la journée de manifestation unitaire du 1er févrierUne semaine après la consultation qui a vu les salariés , actifs et inactifs des industries électriques et gazières rejeter par 53 , 43 % des voix le relevé des conclusions sur la réforme des retraites , nous sommes allés voir ce qu' il en était à Grenoble et dans l' Isère . Dans l' Isère , de Creys-Malville ( Super Phénix en voie de démantèlement ) aux barrages qui produisent de l' électricité , si on compte EDF-GDF avec notamment la direction technique générale basée à Grenoble , les entreprises non nationalisées et les sociétés d' économies mixtes nées des anciennes régies municipales comme Gaz et Électricité de Grenoble , l' activité de la branche énergie emploie au total 3 500 personnes ( dont 2 500 pour EDF-GDF ) . Les retraités , qu' on qualifie de " salariés inactifs " , parce qu' ils continuent à percevoir un salaire payé sur le compte d' exploitation de l' entreprise , et non pas une retraite , étant au nombre de 2 500 . C' est une photographie de la situation en Isère que nous livre Patrick Durand , cinquante-trois ans , technicien , secrétaire de l' UFICT CGT , la branche maîtrise de la CGT ( 55 % des voix dans l' Isère ) , qui était plutôt favorable au " non " . Ce qui n' est pas le cas de ce dirigeant syndical qui nous annonce que " dans le département le " non " l' emporte chez les actifs avec 913 voix contre 825 suffrages pour le " oui " . En revanche , le " oui " est largement en tête chez les inactifs avec 823 voix contre 329 pour le " non " . Responsable de la section CGT des retraités , René Fontaine Fontaine , soixante ans , qui se désigne comme " un agent cadre technique en inactivité de service depuis quatre ans " explique qu' il a voté " oui " parce qu' il était " juste que la Fédération CGT des Mines et de l' Énergie élabore des propositions correspondant à la nouvelle situation dans laquelle se retrouve EDF , qui évolue dorénavant dans un champ concurrentiel " . Selon lui , les retraités les plus mal payés avaient intérêt à voter " oui " car avec l' accord leurs prestations étaient immédiatement revalorisées , " mais je comprends , dit -il , que les actifs aient voté non " . Retraité finalement très actif , René n' est pas mécontent de son sort : " Je gagne 14 000 francs net par mois , je ne vais pas calculer combien cela fait en euros , je sais que c' est ce que je percevais quand j' ai cessé mon travail il y a quatre ans et aujourd'hui je m' occupe , le ski de fonds et la terre , car moi je suis un ancien paysan ... " Quand on lui demande s' il a ressenti des clivages au sein de la CGT , l' homme répond : " Chacun a voté selon l' opinion qu' il se faisait du relevé des conclusions , les aspects négatifs ont fait basculer en faveur du " non " , maintenant je ne vois pas pourquoi on se crisperait , il faut préparer et réussir les manifs du 1er février . " À Grenoble , en effet , pas de crispation particulière , les réflexions sont tournées vers l' avenir , la suite de la mobilisation et de l' action . Militant CGT , Michel Desplanque , cinquante-trois ans , détaché de Creys-Malville pour s' occuper de la Mutuelle des agents EDF-GDF sur Grenoble explique qu' il a voté " non " parce que pour lui " la retraite doit rester telle quelle . Le relevé des conclusions n' apportait pas assez de garanties . Le " non " l' a emporté , mais le gouvernement ayant décidé de passer en force , maintenant , il faut descendre dans la rue " , dit -il . " Moi je défends le statut et il faut que les gens montrent ce qu' ils veulent , que la base agisse . " Hafid Larbaoui , trente-deux ans , agent administratif et militant CGT a lui aussi voté " non " , car " même si je n' ai pas tout lu du relevé des conclusions , j' estime que le gouvernement et la direction veulent désolidariser notre système de retraite et le mettre dans un régime général , et c' était une meilleure accessibilité à la privatisation " . Quant à l' appel du secrétaire général de la CGT de l' Énergie , Denis Cohen à voter oui , Hafid répond " nous ne sommes pas tous des clones à la CGT , il a bien fait de dire ce qu' il pensait , si aujourd'hui ils veulent nous diviser ils auront du mal , ce n' est pour çà que la CGT va éclater , car le plus important et Denis n' y est pas pour rien , c' est que la CGT ait organisé une consultation " . Bref , pour Hafid " maintenant il faut réussir le 1er février et poursuivre les débats " . Sylvie Gaillard a elle aussi voté " non " , car elle a le sentiment que les " agents ne maîtrisent plus leur avenir , on va tout droit à la privatisation " . Elle est dans le même bureau que Sylvie , mais Michèle Berardi , administratrice de la mutuelle a voté " oui " , car pour elle " le relevé des conclusions apportait des avancées . C' est un peu dommage que le non l' ait emporté " . Aujourd'hui elle souhaite qu' on informe " un peu plus sur la situation réelle de l' entreprise " . Olivier Volat , conseiller Gaz de France , lui a voté " non " car si " le texte en question n' était pas trop mal , il demeurait très flou sur le financement " . " Il aurait fallu continuer à travailler le dossier avant de passer à une consultation " , dit -il , ajoutant que " la balle est maintenant dans le camp du gouvernement et s' il passe en force , les agents EDF-GDF sont prêts à se mobiliser comme ils l' ont déjà fait le 3 octobre , çà risque de chauffer dur " ... C' est également l' opinion de Sylvie Genevois , agent d' accueil , qui a voté " non " parce qu' elle n' avait pas l' impression qu' il y ait eu une concertation réelle entre le gouvernement et la base et qu' elle ne voulait pas de l' augmentation des cotisations de 7 % à 12 % . S' agissant de la CGT où elle est syndiquée elle considère que les " Non et les oui sont aujourd'hui réunis " . Ce que pensent aussi Jean Demartini , quarante-huit ans , et Maurice Léone , quarante-cinq ans , tous les deux techniciens en génie civil au Centre d' ingénierie hydraulique de Grenoble , qui ont également voté " non " parce qu' ils ont " bien étudié le texte et que le ministre Fillon avait tous les pouvoirs pour remettre en cause notre statut " . Karine Sauton , employée à Gaz et Électricité de Grenoble , trente-deux ans a elle aussi voté non parce que selon elle l' accord sur les retraites était " un tremplin pour privatiser EDF-GDF " . Cependant son collègue Denis Chevalier , technicien dans cette même société d' économie mixte , estime quant à lui que " de toute manière , comme on le voit chez nous , la privatisation est déjà bien engagée , j' ai voté oui parce que même si c' était insuffisant , il y avait des garanties et on étendait le statut d' EDF-GDF aux salariés du privé , ce qui n' est toujours pas le cas , car on n' applique pas la loin de février 2000 qui stipule cette clause " . La privatisation a aussi beaucoup fait réfléchir Roger Peters , qui au titre de la CGT dirige une commission paritaire , mais lui aussi a voté " oui " parce que " pour la première fois les patrons ont été obligés d' amender un texte qui avait été proposé par les organisations syndicales " . Et Alain Simonin , électrotechnicien , secrétaire du syndicat CGT de la Direction technique générale ( DTG ) , un secteur chargé de contrôler la sécurité des installations d' EDF-GDF partout en France , d' ajouter qu' il a voté " oui , parce qu' il valait mieux garder ce qu' on avait acquis " . Mais à la DTG , c' est le " non " qui l' a emporté chez les actifs . Secrétaire du syndicat CFDT et ayant appelé à voter oui Claudine Chable estime cependant comme une bonne chose qu' il y ait eu une consultation car " le risque de privatisation n' est pas écarté , il faut maintenant bien mobiliser pour le 1er février " . " C' est le non qui l' a emporté mais si c' était le " oui " , c' est pareil , le 1er février je serais dans la rue pour maintenir et continuer à obtenir des satisfactions " , dit -elle . Elle ne sera pas seule ce samedi 1er février dans les rues de Grenoble , technicien à la DTG , Didier Larive n' a pas pu voter le 9 janvier , mais il sera de la manifestation , tout comme Freddy Salle , vingt-trois ans , et Jean-louis Oliva , trente-cinq ans deux techniciens eux aussi qui , tout en ayant voté non , comprennent ceux qui ont voté " oui " . Ils comptent sur l' unité des agents pour réussir le 1er février " une étape de plus pour conserver notre statut " dit Jean-Louis .