_: Aulnay , Citroën réprime pour produire plus La pression monte contre les salariés de l' usine Citroën d' Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis . La semaine dernière , David Bongard , un ouvrier de vingt-six ans , a appris qu' il allait être licencié pour avoir pris sans titre de transport le car d' une compagnie privée qui le mène au travail . Employé par Citroën depuis six ans , il habite dans l' Oise , à 80 kilomètres de l' usine . Chaque mois , il dépense 800 francs d' essence pour aller de son domicile à Compiègne , et 255 francs pour la carte de car entre Compiègne et Aulnay . Soit au total 12 % de son salaire . De son côté , la direction verse généreusement 37 francs par mois de prime de transport , une somme inchangée depuis trente ans . Dans ces conditions , " le problème du paiement des titres de transport revient en permanence , avec les contrôles parfois musclés dans les cars ou à la descente , alors que le service se dégrade et que les prix n' arrêtent pas d' augmenter " , dénoncent les militants CGT . " En 1992 , la direction avait mis à pied un salarié pour le même motif , explique Rodolphe Feger de la CGT . Mais la cour d' appel de Paris lui avait donné tort , car un employeur ne peut pas sanctionner un salarié en un lieu et un moment où il n' est pas sous son autorité . Un patron ne peut pas virer un salarié qui n' a pas payé sa Carte orange ! En licenciant David , elle sait qu' elle est dans l' illégalité . Elle sait qu' elle va perdre aux prud'hommes , mais elle s' en fiche car un licenciement jugé abusif n' entraîne pas la réintégration du salarié . Elle est prête à payer 5 briques pour se débarrasser d' un gêneur . " La direction n' a rien à reprocher à David Bongard sur le plan professionnel . " Mais je suis à la CGT et j' ai du caractère , je ne me laisse pas faire et je participe aux débrayages , explique -t-il . Mon cas doit servir d' exemple , pour faire monter la pression sur les salariés . En ce moment ils augmentent les cadences pour la fabrication du nouveau véhicule , la C3 . Ils savent que les salariés ont du mal à suivre , qu' il faut serrer la vis . " Rodolphe Feger confirme : " Les chefs nous ont annoncé que , dorénavant , ils nous retireraient quinze minutes de salaire pour deux minutes de retard , et les intérimaires seront virés au bout de trois retards . Pour faire monter la production à 2 500 véhicules par jour , ils sont en train de transformer l' usine en caserne . Et bombardent la CGT . Les sanctions pleuvent , ça n' arrête pas . " La semaine dernière , une pétition de soutien à David a recueilli 180 signatures dans son atelier . Le mercredi matin , 40 salariés l' ont accompagné à son entretien préalable de licenciement , et une centaine a participé au débrayage de 14 heures , du jamais vu depuis vingt ans dans cette usine où l' ordre est fermement maintenu . La veille , la direction avait invité la presse à visiter les nouveaux ateliers de la C3 . Les syndicalistes avaient prévu de leur faire passer les tracts dénonçant le licenciement de David , mais le parcours de visite a été modifié au dernier moment .