_: Metaleurop . Le tribunal de commerce de Béthune se prononce aujourd'hui sur le sort de l' usine de Noyelles-Godault . " La réprobation et l' écoeurement " Une marche silencieuse était organisée , hier , par les habitants des quatorze communes de l' agglomération concernée , en solidarité avec les salariés de Metaleurop . " Solidarité des Noyellois aux salariés . Lundi 27 janvier , journée ville morte , commerces fermés . Tous les Noyellois réunis à la mairie . " La petite affiche est placardée sur tous les commerces . Même la petite " mosquée de la paix " située à deux pas de l' entrée de l' usine n' y fait pas exception . " Nous nous contenterons d' ouvrir à l' heure de la prière , puis nous refermerons aussitôt après " , explique un de ses occupants croisé sur le seuil . Solidarité visible également dans le hall de la mairie , d' où partait , hier , la marche silencieuse , et où une urne de soutien aux salariés s' offre aux dons des visiteurs , sitôt franchis le portique d' entrée . Solidarité donc , mais aussi et surtout traumatisme . Devant les nombreux journalistes présents , le maire exprime brièvement l' émotion de la population de sa commune avant que la marche ne débute . Il résume la " réprobation et l' écoeurement " de toute une ville face à ce qu' il considère être " une catastrophe régionale " . " Chacun des Noyellois a , parmi ses proches ou sa famille , quelqu' un qui travaille à Metaleurop " , souligne le maire . Et comme pour illustrer l' intimité du drame vécu par chacun de ses habitants , il énumère : " Mon premier adjoint y travaille , mon cousin également . Et Metaleurop , ce n' est pas seulement Noyelles-Godault , toute l' agglomération est concernée , et même au-delà " , car la moitié du personnel vit en dehors de l' agglomération . Exigeant des " réactions politiques fortes " , notamment en matière " d' aide au personnel " , le maire estime que " Metaleurop est devenue par la force des choses un drame national , car il pose la question d' une réglementation pour éviter une telle catastrophe " . Entouré de la foule d' élus ceints de leur écharpe qui se presse autour de lui , il rejoint le cortège des manifestants qui noircissent peu à peu les abords de la mairie et s' agglutinent sous les stores baissés des commerces voisins . Direction l' usine de Metaleurop , située à quelques centaines de mètres du centre-ville , alors que se déroule simultanément un comité d' entreprise extraordinaire , chargé d' examiner la mise en cessation de paiement de Metaleurop . Pour savoir ce qui peut en filtrer , il faudra attendre de s' être rendu sur place . La petite foule se met en marche , on y croise des gens de tous âges et de toutes conditions . Il y a , bien sûr , les salariés de l' usine . " Tous ceux qui ont pu se libérer de leur travail ce matin " , souligne Christiane , vingt et un ans de Metaleurop . " Mais pas seulement , poursuit -elle , il y a aussi les anciens de l' usine avec nous dans la manif , et cela fait vraiment chaud au coeur . " Isabelle n' est pas de Noyelles-Godault , et elle ne travaille pas non plus à Metaleurop . Pourtant , elle a décidé de venir , pour " mon père qui travaille à Metaleurop depuis vingt et un ans " , témoigne -t-elle . Infirmière à Courcelles , elle a également parmi ses proches beaucoup d' autres travailleurs de l' usine . Son métier de soignante la met aussi en contact avec des travailleurs d' un peu partout dans le département . " On voit des salariés de Metaleurop mais aussi de Samsonite ou d' ailleurs , et partout ce sont des usines qui ferment , des gens licenciés . C' est vraiment une région sinistrée . " Jean , chimiste , trente et un ans , et presque cinq d' usine derrière lui , a " été embauché dans le cadre de la loi Robien . L' entreprise a touché des subventions pour m' employer . Aujourd'hui , je vais être jeté à la rue sans aucune indemnité , alors que je suis persuadé qu' il y a de l' argent dans ce groupe " , dit -il . " Une usine à zinc du groupe , en Allemagne , a été vendue des milliards , et l' argent devait servir à financer le plan social de 250 salariés , cite -t-il à l' appui de ses dires . Depuis huit mois , tout le monde attendait de savoir à quelle sauce on serait mangé . Et aujourd'hui que l' action diminue , on nous lâche comme des malpropres , alors que nous sommes la richesse du groupe par notre travail . Il faut que Glencore soit contraint à revoir ses plans , poursuit -il . Ils nous laissent une poubelle derrière eux , avec un passif de 150 milliards d' euros pour dépolluer le site . Qui va payer ? " Farid Ramou , délégué CGT du personnel , attend dans la cour de l' usine que les manifestants arrivent peu à peu pour leur délivrer les dernières décisions concernant Metaleurop . " Aujourd'hui la déclaration de cessation de paiement est annoncée officiellement " , déclare -t-il au micro . " Notre avenir se jouera demain matin , au tribunal de commerce de Béthunes . Les dix derniers jours ont été ceux d' une période de doute . Demain , nous aurons des certitudes . Il y a deux décisions possibles . Soit le redressement judiciaire avec maintien de l' activité , pour une durée inconnue , mais qui peut nous laisser une lueur d' espoir . Soit la liquidation judiciaire , ce qui serait la pire des options , car elle signifierait notre mort . " Farid Ramou ne s' en remet pas pour autant à la décision du tribunal . " Quel que soit le choix qui sera fait demain , conclut -il , une chose est sûre : le combat ne fait que commencer pour la défense et le maintien de nos emplois . " Une détermination partagée par le maire de Noyelles-Godault qui , " avec Albert Facon , président de la communauté d' agglomération , avec tous les maires des communes de l' agglomération " , a l' intention d' organiser " d' autres actions de revendication " . Et d' annoncer dans la foulée : " Nous nous retrouverons samedi prochain ici . Et nous continuerons d' insister jusqu'à ce que satisfaction soit apportée à chacun d' entre vous . "