_: L' expertise Les soldes battent leur plein Les soldes vont -elles stimuler la croissance ? Les faits 1 . Ouverture des soldes Après un mois de mai très morose pour cause de ponts et de grèves , les commerçants ont vu repartir leurs ventes depuis deux semaines grâce à la canicule , qui a dopé les achats de vêtements d' été . Mercredi , pour le premier jour des soldes d' été , l' affluence était au rendez -vous , avec l' habituelle cohue dans les boutiques , et tout particulièrement dans les enseignes de luxe et les grands magasins . À Paris , certains magasins ont décidé de " frapper fort " , avec des réductions allant jusqu'à 50 % dans la majorité des rayons , voire 80 % pour certains articles saisonniers . Soucieux d' écouler leurs stocks avant que les clients ne partent en vacances , certains commerçants ont même décidé de devancer la date officielle en pratiquant , dès les mois de mai et juin , promotions , rabais , remises et autres réductions , allant jusqu'à - 50 % . 2 . Problème de consommation Les soldes permettent en général un rebond de la consommation pour une courte période . Elles agissent comme un signal émis en direction des consommateurs , qui repoussent leurs achats jusqu'aux périodes des soldes pour mieux profiter des bas prix . Or , depuis le début de l' année 2003 , la consommation des ménages est en berne . Selon l' INSEE , la consommation des ménages en produits manufacturés a enregistré en mai sa plus forte baisse depuis août 1999 , pour atteindre - 1 , 6 % . Et ce alors que le gouvernement a annoncé vouloir atteindre 1 , 3 % de croissance cette année . Les questions 1 . Les soldes vont -elles permettre un rebond de la consommation ? Est principalement concerné par les soldes d' été le secteur de l' habillement . Or , selon les derniers indicateurs de l' INSEE , le secteur du textile et du cuir a souffert ces derniers mois d' une baisse de la consommation des ménages . Alors qu' au mois de février 2003 le volume des dépenses pour le textile-cuir a connu une variation de 1 , 8 % , celle -ci a été de 0 , 2 % au mois de mars . Elle a chuté sensiblement au mois d' avril , pour accuser une baisse de 4 , 1 % en mai . Face à cette décrue des dépenses d' habillement , les professionnels du secteur ont pratiqué ces douze derniers mois , selon l' INSEE , une baisse des prix de - 0 , 5 % ( habillement et chaussures ) . Cet enchaînement de baisses successives des dépenses de consommation peut en effet être contrecarré par la période des soldes . Cependant , cet effet risque d' être temporaire . C' est d' autant plus vrai que les chefs d' entreprise du secteur des biens de consommation n' envisagent pas pour l' instant d' augmenter leur production ( INSEE , juin 2003 ) . Ces anticipations négatives laissent supposer que la consommation des ménages n' est pas susceptible , pour l' instant , de repartir . 2 . Y a -t-il un danger de déflation ? Si le gouvernement peut compter sur les soldes pour relancer de manière temporaire la consommation , néanmoins , les perspectives en la matière sont plutôt orientées à la baisse ( voir ci-dessus ) . Cette tendance pose problème . La consommation est en effet le dernier moteur de la croissance . Celle -ci devrait progresser en 2003 de 0 , 8 % selon l' INSEE . La France ( plus encore l' Allemagne ) est aux portes d' une récession Récession : recul de la croissance sur trois trimestres .. Pis , le danger de la déflation Déflation : baisse générale des prix . guette . Les mois d' avril et mai dessinent une tendance à la baisse générale des prix , et ce dans de plus en plus de secteurs . Par exemple , le secteur de l' automobile commence à être fortement touché . Les achats d' automobiles des ménages ont reculé de 7 , 5 % en un an , ce qui a provoqué une moindre augmentation du chiffre d' affaires dans le secteur . Les professionnels cherchent en conséquence à compenser par les baisses des prix . Notre conclusion Les soldes restent un élément bénéfique pour stimuler la consommation de manière temporaire . Cette période ne peut toutefois pas être un facteur solide de relance des dépenses des ménages . D' autant plus que la politique gouvernementale actuelle pousse à la modération salariale . Cette dernière est un frein réel à la consommation , et donc à la croissance . Le danger aujourd'hui est la déflation . Une baisse générale de prix peut inciter les entreprises à récupérer des marges en baissant les salaires et en détruisant des emplois .