_: Antilles L' agriculture martiniquaise marquée par l' asphyxie des prix En Martinique , les plantations bananières ont été divisées par près de deux en cinq ans . L' année 2002 a confirmé les tendances observées précédemment , en particulier en ce qui concerne la dépendance de la banane vis-à-vis des aides communautaires . Soulignant la chute continue du nombre des plantations ( dans les 650 aujourd'hui contre 1 200 il y a cinq ans ) , Romain Bellay , dirigeant de l' OPAM ( Organisation patriotique des agriculteurs martiniquais ) , explique que " sans les aides compensatoires , il est évident que l' on ne pourra plus produire de bananes " . De fait , les prix de gros sur le marché européen ont continué de chuter en 2002 , les approvisionnements toutes provenances confondues ayant été plus importants en volume , tandis que les productions fruitières européennes ( pêches , nectarines , abricots ) ont fortement concurrencé la banane durant les saisons printanière et estivale , constate la revue économique des Antilles-Guyane , Antiane , publiée par l' INSEE . Dans ce contexte , les planteurs subissent de graves problèmes de trésorerie . Le montant de l' aide compensatoire pour 2002 était fixé à 303 , 30 euros la tonne , les planteurs martiniquais ayant demandé un complément de 33 , 40 euros la tonne pour contrebalancer l' effet de dégradation des prix . À noter que ce complément ne compense que très partiellement ( environ 40 % ) l' écart de prix avec la moyenne des prix communautaires . Au final , l' aide reçue par les planteurs martiniquais atteignait 336 , 70 euros la tonne en 2002 , et leur recette continue de reculer , passant de 641 , 90 euros la tonne en 2001 à 590 en 2002 . Soit une variation de - 8 % sur douze mois . Et , à l' approche de l' échéance de janvier 2006 , les perspectives n' apparaissent plus que sombres à notre interlocuteur : " Comment pourrons -nous alors nous maintenir face à la banane dollar ? " Pessimisme identique chez Juvénal Remir , président du Codema-Modef ( Comité de défense des métiers agricoles ) : " Depuis huit ans , les productions antillaises sont sous-compensées . Nous , les petits , sommes progressivement dépouillés . Année après année , nous nous retrouvons en déficit . Les pressions exercées sur les petits planteurs ne cessent de se renforcer . Pendant ce temps on nous endette , et le problème est toujours là , de plus en plus lourd et menaçant . Il est temps que l' État prenne ses responsabilités en accordant des subventions à la hauteur et en contrôlant l' usage qui en est fait . " Sur ce point , Juvénal Remir se montre critique vis-à-vis des groupements de producteurs " dominés par les békés " , qui perçoivent les financements venus de l' État : " Il n' est pas normal qu' une aide nominative soit détournée pour payer des intrants . Lorsque nous soulevons ce problème auprès du ministère , il se contente de nous répondre en substance que les petits producteurs ne savent pas gérer ! " Ce n' est pas seulement la production bananière , mais l' ensemble du secteur agricole , canne comprise , qui se retrouve en passe d' asphyxie . Au cours des années quatre-vingt-dix , la surface agricole utile n' a cessé de reculer , sous le double effet de l' urbanisation , mais aussi de l' augmentation des landes et friches ( passées de 10 300 hectares en 1991 à 15 340 en 1999 ) . Le nombre de chefs d' exploitation a été divisé par trois entre 1988 et 1997 ( de 16 037 à 5 390 ) , par quatre pour ce qui concerne les conjoints et autres membres de la famille ( de 44 800 aides familiaux en 1991 à 10 744 neuf ans plus tard ) . De façon générale , le résultat agricole par hectare est lui-même en recul , passant de 273 280 euros en 1998 à 266 420 en 1999 , soit une baisse de 2 , 5 % .